Vers une flambée des prix des smartphones après la suspension des exportations de terres rares par la Chine

Terres rares smartphones

En avril 2025, la Chine a annoncé la suspension de ses exportations de plusieurs terres rares, des métaux stratégiques essentiels à l’industrie technologique. Cette décision, en réponse aux nouveaux droits de douane américains, pourrait avoir des répercussions majeures sur le marché mondial, notamment sur le prix des smartphones. Alors que Pékin détient un quasi-monopole sur la production mondiale de ces matériaux, les industries technologiques mondiales retiennent leur souffle. Cet article explore les implications de cette mesure sur l’économie mondiale et les consommateurs.​

Une riposte stratégique de Pékin

Le 4 avril 2025, la Chine a suspendu l’exportation de sept terres rares : le samarium, le gadolinium, le terbium, le dysprosium, le lutécium, le scandium et l’yttrium, ainsi que leurs alliages, oxydes et composés. Cette décision fait suite à l’imposition par les États-Unis de droits de douane de 145 % sur les produits chinois. En réponse, Pékin a également imposé des droits de douane allant jusqu’à 125 % sur les biens américains.​

La Chine détient un quasi-monopole sur le marché des terres rares, assurant à elle seule 70 à 90 % de la production mondiale et 70 % des importations américaines. Cette position dominante permet à Pékin d’utiliser ces matériaux comme levier dans les tensions commerciales.​

Des conséquences pour l’industrie technologique

Les terres rares sont indispensables à la fabrication de nombreux produits technologiques, notamment les smartphones, les ordinateurs portables, les véhicules électriques et les équipements de défense. Par exemple, le dysprosium et le terbium sont utilisés dans les aimants permanents des moteurs électriques, tandis que le scandium est employé dans les alliages légers pour l’aéronautique.​

La suspension des exportations chinoises pourrait entraîner des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les fabricants de smartphones, en particulier, pourraient être confrontés à une hausse des coûts de production, qui pourrait se répercuter sur les prix pour les consommateurs. Cependant, l’impact exact sur les prix reste incertain et dépendra de la durée de la suspension et de la capacité des entreprises à trouver des sources alternatives.

Une dépendance mondiale préoccupante

La domination de la Chine sur le marché des terres rares résulte d’une stratégie délibérée mise en place depuis les années 1990. Pékin a investi massivement dans l’extraction et le raffinage de ces matériaux, au détriment de l’environnement. Par exemple, l’extraction de terres rares en Birmanie, souvent sous-traitée par la Chine, a été qualifiée « d’exemple extrême de destruction généralisée » par l’ONG Global Witness.​

Face à cette dépendance, plusieurs pays cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Les États-Unis ont relancé la production de terres rares dans la mine de Mountain Pass, en Californie, tandis que l’Europe soutient la construction de raffineries en Estonie et envisage l’ouverture de mines en Norvège et en Suède. Cependant, ces initiatives nécessitent du temps et des investissements importants.​

Vers une reconfiguration des chaînes d’approvisionnement

La suspension des exportations chinoises de terres rares pourrait accélérer la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales. Les entreprises technologiques pourraient être incitées à investir dans le recyclage des terres rares à partir des déchets électroniques ou à développer des technologies alternatives moins dépendantes de ces matériaux.​

Par ailleurs, des alliances internationales, comme la Minerals Security Partnership, réunissant quatorze pays dont les États-Unis, le Canada, l’Australie, la France et l’Allemagne, ont été formées pour sécuriser l’approvisionnement en métaux critiques. Ces initiatives visent à réduire la dépendance à l’égard de la Chine et à renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement.​

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