
La Tunisie traverse une crise multidimensionnelle où l’économie vacille sous le poids de pénuries alimentaires, d’énergie et d’eau, d’un déficit courant croissant et d’une instabilité politique persistante. Le président Kaïs Saïed a prolongé l’état d’urgence jusqu’à fin 2025, reflétant les défis sécuritaires et économiques du pays. En février 2025, le déficit courant du pays s’est creusé à 1 654 millions de dinars, soulignant les déséquilibres macroéconomiques.
Une économie fragilisée par des déséquilibres persistants
En février 2025, le déficit courant de la Tunisie a atteint 1 654 millions de dinars, soit 0,9 % du PIB, contre 113 millions de dinars (0,1 % du PIB) un an auparavant. Cette détérioration s’explique principalement par le creusement du déficit commercial, passé de -1 780 millions de dinars à -3 518 millions de dinars sur la même période. Malgré une amélioration des recettes touristiques et des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger, ces apports n’ont pas suffi à compenser l’aggravation du déficit commercial.
La croissance économique reste modeste, avec une prévision de 1,8 % en 2025 selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L’inflation moyenne s’est établie à 7,1 % en 2024, tandis que le chômage a légèrement augmenté pour atteindre 16 % au deuxième trimestre 2024.
Crise énergétique et dépendance extérieure
La Tunisie fait face à une crise énergétique exacerbée par une demande accrue durant l’hiver. Début 2025, l’Algérie a fourni une assistance en gaz domestique pour pallier cette crise. Cette dépendance énergétique souligne la vulnérabilité du pays face aux chocs extérieurs et la nécessité de diversifier ses sources d’énergie.
Par ailleurs, la Tunisie est confrontée à des pénuries d’eau, aggravées par le changement climatique. Des vagues de chaleur extrême et une baisse de la pluviométrie ont été observées, menaçant la sécurité hydrique et alimentaire du pays.
Gouvernance autoritaire et tensions sociales
Depuis juillet 2021, le président Kaïs Saïed a consolidé son pouvoir en suspendant le parlement et en gouvernant par décrets. En octobre 2024, il a prolongé l’état d’urgence jusqu’à fin 2025, invoquant des défis sécuritaires et économiques persistants. Cette concentration du pouvoir a suscité des critiques concernant le recul démocratique et la répression des opposants politiques.
Le décret-loi 54, adopté en septembre 2022, a été utilisé pour poursuivre des journalistes et des activistes pour diffusion de « fausses nouvelles », renforçant les inquiétudes sur la liberté d’expression en Tunisie.
Des réformes structurelles nécessaires
La Tunisie est à la croisée des chemins. Les réformes économiques sont nécessaires pour stabiliser l’économie, mais elles doivent être accompagnées de mesures sociales pour atténuer les effets sur la population. La diversification des sources d’énergie et la gestion durable des ressources en eau sont également cruciales pour renforcer la résilience du pays face aux chocs futurs.
La communauté internationale, notamment le Fonds monétaire international (FMI), pourrait jouer un rôle clé en soutenant la Tunisie dans ses efforts de réforme, tout en veillant au respect des droits humains et des principes démocratiques.
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