
Le géant européen du low-cost Ryanair a annoncé la fermeture de plusieurs lignes aériennes en France et envisage de réduire de moitié ses opérations dans l’Hexagone.. En cause, la hausse brutale d’une taxe sur les billets d’avion instaurée dans le budget 2025. Cette décision fait trembler les aéroports régionaux concernés, qui craignent des retombées économiques négatives, tandis que le gouvernement invoque des motifs écologiques. Retour sur les raisons de ce bras de fer et ses implications.
La récente hausse de la Taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) a plongé l’aviation low-cost dans une zone de turbulences. Le géant Ryanair, confronté à une augmentation brutale des coûts, se voit contraint de revoir son offre en France. Des aéroports régionaux, particulièrement dépendants des vols à bas prix, se trouvent au cœur d’un bouleversement économique. Ce bras de fer fiscal pose la question de l’avenir du modèle low-cost sur le marché européen.
Une fiscalité qui déstabilise le ciel français
Depuis le 1er mars 2025, la TSBA a connu une hausse spectaculaire dans le cadre du budget de l’année. Pour un billet en classe économique sur des vols intérieurs ou européens, le montant passe de 2,63 € à 7,40 €, soit quasiment le triple, et atteint 15 € sur les trajets hors Europe. Selon le gouvernement, cette mesure devrait générer entre 800 et 850 millions d’euros de recettes supplémentaires, justifiée par la nécessité de redresser les finances publiques tout en poursuivant des objectifs écologiques. Pour les compagnies aériennes, et notamment pour Ryanair, l’augmentation de cette taxe représente un surcoût qui perturbe un modèle économique déjà très ajusté.
La riposte de Ryanair et l’impact sur les aéroports régionaux
Ryanair ne cache pas son mécontentement face à cette décision, qualifiant la mesure de « mauvais timing » et dénonçant une politique fiscale en décalage avec les initiatives de relance observées dans d’autres pays européens. Le transporteur irlandais a annoncé la suppression de 50 % de ses capacités sur le sol français, une décision qui se concrétise par la fermeture de plusieurs lignes, notamment depuis l’aéroport de Paris-Vatry. Ce dernier, où les vols low-cost représentaient 85 % du trafic passagers en 2024, risque de voir sa fréquentation chuter drastiquement, avec des conséquences économiques estimées à environ 500 000 € de perte dès 2025. La situation s’aggrave dans d’autres aéroports régionaux – Limoges, Perpignan et Carcassonne figurant parmi les cibles potentielles – où la dépendance aux vols à bas prix rend la reprise du trafic incertaine.
Le modèle low-cost face à une fiscalité alourdissante
Les compagnies low-cost reposent sur des marges très serrées, où chaque euro compte pour maintenir des tarifs compétitifs. L’augmentation de plus de 180 % de la taxe sur les vols intra-européens et de 100 % sur le long-courrier menace directement la rentabilité des opérations. Pour Ryanair, l’option de répercuter ce surcoût sur les passagers est risquée, car elle pourrait aliéner une clientèle en quête de bons plans. Ainsi, l’arrêt de certaines liaisons devient la solution retenue, une mesure qui met en lumière la vulnérabilité de ce modèle économique face à une fiscalité jugée excessive. Des acteurs comme EasyJet et Volotea observent également la situation avec inquiétude, soulignant que si le coût du transport aérien continue de grimper, c’est l’ensemble du secteur qui pourrait être impacté.
Perspectives incertaines pour l’aviation low-cost en France
Au-delà de Ryanair, le spectre d’un désengagement de l’ensemble des compagnies low-cost plane sur le marché français. Les plateformes comme Paris-Beauvais, Carcassonne, Béziers et Nîmes, qui tirent leur presque totalité de leur trafic des vols à bas prix, se trouvent dans une position délicate. Certaines alternatives commencent à émerger, comme le transfert potentiel de capacités vers des aéroports voisins, par exemple à Gérone en Espagne. Néanmoins, cette réorganisation risque d’affaiblir durablement l’écosystème aérien français, avec des répercussions qui s’étendront au-delà du secteur aérien, touchant notamment le tourisme et l’économie locale. Pour l’Association française du transport aérien (FNAM) et les autorités régionales, la situation est préoccupante : une hausse de la TSBA, même temporaire, pourrait peser sur la compétitivité du pays et inciter d’autres transporteurs à revoir leurs stratégies.
Dans un contexte où l’aviation se remet à peine des conséquences de la crise post-Covid, cette polémique fiscale souligne la nécessité d’un équilibre entre la rigueur budgétaire et le maintien d’un environnement favorable à l’essor du transport aérien low-cost. Le débat est ouvert, et l’évolution de ce dossier pourrait redessiner les trajectoires du secteur dans les années à venir.
Soyez le premier à commenter