Sanofi finalise la vente de 50 % d’Opella, fabricant du Doliprane, à CD&R pour 10 milliards d’euros

Sanofi Doliprane
© CHARLES PLATIAU/REUTERS

Sanofi a officiellement cédé le contrôle de sa filiale Opella, maison mère du Doliprane, au fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R), pour un montant net de 10 milliards d’euros. Cette opération marque un tournant stratégique pour le géant pharmaceutique français, qui se recentre sur la recherche biopharmaceutique. Le Doliprane, médicament emblématique en France, change ainsi de gouvernance, suscitant des interrogations sur la souveraineté sanitaire et l’avenir de la production nationale.​

Une cession stratégique : Sanofi se recentre sur la biopharmacie

Le 30 avril 2025, Sanofi a annoncé la finalisation de la vente de 50 % des parts d’Opella à CD&R, valorisant l’entreprise à environ 16 milliards d’euros. Sanofi conserve une participation de 48,2 %, tandis que Bpifrance détient 1,8 % du capital et un siège au conseil d’administration.​

Cette décision s’inscrit dans la stratégie de Sanofi de se concentrer sur les médicaments innovants et les vaccins. Paul Hudson, directeur général de Sanofi, a déclaré : « Nous avons pleinement confiance dans l’avenir d’Opella en tant que nouveau champion indépendant. »

Opella, qui emploie plus de 11 000 personnes dans 100 pays, est le troisième acteur mondial dans le secteur des médicaments en vente libre et des compléments alimentaires. Son portefeuille comprend des marques telles que Doliprane, Allegra et Dulcolax.​

Une opération sous haute surveillance politique

La vente d’Opella a suscité des réactions politiques en France, notamment en raison de l’importance du Doliprane, médicament le plus vendu dans le pays. Des élus ont exprimé leurs inquiétudes quant à la souveraineté sanitaire et à la préservation des emplois.​

Pour répondre à ces préoccupations, le gouvernement français a négocié des garanties avec CD&R, incluant le maintien de la production sur les sites de Lisieux et Compiègne pendant au moins cinq ans, sous peine de pénalités financières. De plus, des engagements ont été pris pour préserver les emplois et investir 70 millions d’euros en France sur cinq ans.​

Bpifrance, la banque publique d’investissement, a également pris une participation dans Opella pour assurer une présence française au sein de la gouvernance de l’entreprise.​

Opella : un nouveau départ sous pavillon international

Avec cette opération, Opella devient une entreprise indépendante, bénéficiant du soutien de CD&R pour accélérer sa croissance. Julie Van Ongevalle, présidente-directrice générale d’Opella, a exprimé sa fierté : « Grâce à des transformations significatives, nous sommes devenus l’un des plus grands acteurs mondiaux de notre secteur. »

Opella ambitionne de renforcer sa position sur le marché mondial des produits de santé grand public, en s’appuyant sur ses marques emblématiques et son expertise en matière d’innovation. L’entreprise prévoit également de développer de nouveaux produits pour répondre aux besoins croissants des consommateurs en matière de santé et de bien-être.​

David Taylor, ancien président-directeur général de Procter & Gamble, a été nommé président du conseil de surveillance d’Opella, apportant son expérience dans le secteur des biens de consommation.​

Doliprane : un symbole national à l’heure de la mondialisation

Le Doliprane, lancé en 1964, est devenu un médicament incontournable en France, représentant environ 70 % des ventes de paracétamol dans le pays . Sa production est majoritairement assurée sur les sites de Lisieux et Compiègne, renforçant son ancrage national.​

La cession d’Opella à un fonds américain soulève des questions sur la capacité de la France à préserver ses actifs stratégiques dans un contexte de mondialisation. Toutefois, les garanties obtenues par le gouvernement visent à assurer la continuité de la production et la préservation des emplois sur le territoire national.​

Cette opération illustre les défis auxquels sont confrontés les États pour concilier ouverture économique et préservation de leur souveraineté industrielle, notamment dans des secteurs sensibles comme la santé.

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