
Après une période marquée par des tensions autour du droit de grève, le gouvernement marocain a relancé les discussions avec les partenaires sociaux. Cette reprise du dialogue social, amorcée en avril 2025, intervient dans un contexte socio-économique complexe, où les attentes des syndicats sont élevées et les réformes en cours suscitent des débats.
Un dialogue relancé dans un climat tendu
Le 22 avril 2025, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé la session d’avril du dialogue social à Rabat, en présence des principaux syndicats et de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) . Cette réunion visait à évaluer l’application des accords précédents, notamment celui d’avril 2024, qui prévoyait une augmentation générale des salaires des fonctionnaires de 1.000 dirhams nets, répartie en deux tranches, la seconde devant être versée en juillet 2025.
Cependant, la reprise du dialogue intervient dans un climat marqué par des tensions. La loi organique sur le droit de grève, adoptée le 5 février 2025, a été critiquée par plusieurs syndicats, qui estiment qu’elle restreint les libertés syndicales . De plus, la non-tenue de la session de dialogue social prévue en septembre 2024, pourtant stipulée dans la Charte du dialogue social signée en 2022, a suscité des mécontentements parmi les partenaires sociaux.
Des revendications syndicales claires et pressantes
Lors de cette session, les syndicats ont présenté une série de revendications. L’Union Marocaine du Travail (UMT) et l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) ont réclamé une nouvelle augmentation générale des salaires, arguant que la précédente revalorisation ne suffit pas à compenser la cherté de la vie et l’inflation persistante . La Confédération Démocratique du Travail (CDT), quant à elle, a insisté sur l’importance de niveler le salaire minimum entre les secteurs agricole et industriel.
Par ailleurs, les syndicats ont exprimé leur souhait d’institutionnaliser le dialogue social en le rendant plus régulier et structuré. L’UMT a proposé l’élaboration d’un projet de loi organisant ce dialogue et la création d’un conseil national chargé du suivi permanent des résultats du dialogue social. La CDT, de son côté, a exigé son élévation au rang de loi-cadre contraignante.
Le gouvernement entre engagements et prudence
Le gouvernement a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre les accords précédents, notamment l’augmentation des salaires dans le secteur public et la révision à la baisse de l’impôt sur le revenu pour les fonctionnaires et salariés . Concernant le secteur privé, les discussions ont porté sur l’évolution du salaire minimum dans les secteurs du commerce, de l’industrie, des professions libérales ainsi que dans le secteur agricole.
En ce qui concerne la réforme du régime des retraites, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a indiqué qu’aucune proposition formelle n’a été soumise à ce stade. Il a néanmoins rappelé que l’accord d’avril 2024 fixe les contours d’une approche structurée fondée sur plusieurs principes directeurs, parmi lesquels la préservation des acquis des travailleurs et la réactivation de la commission chargée du dossier.
Perspectives : vers une consolidation du dialogue social ?
La relance du dialogue social au Maroc en avril 2025 marque une étape importante dans les relations entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Si des avancées ont été réalisées, notamment en matière de revalorisation salariale et de révision fiscale, des défis subsistent, tels que la réforme du régime des retraites et l’institutionnalisation du dialogue social.
Pour que ce dialogue soit véritablement constructif et durable, il est essentiel que les engagements pris soient respectés et que les discussions soient menées de manière transparente et inclusive. La mise en place d’un cadre légal structurant le dialogue social, comme le proposent les syndicats, pourrait contribuer à renforcer la confiance entre les parties prenantes et à instaurer un climat social apaisé, propice au développement économique et social du Maroc.
Soyez le premier à commenter