Panne électrique en Espagne et au Portugal : la justice enquête sur un possible sabotage, retour progressif à la normale

Panne électrique en Espagne et au Portugal
© Oscar Del Pozo, AFP

Le 28 avril 2025, une panne électrique massive a plongé l’Espagne et le Portugal dans le chaos, affectant également brièvement le sud de la France. Transports paralysés, communications interrompues, services essentiels à l’arrêt : l’événement a mis en lumière la vulnérabilité des infrastructures énergétiques de la péninsule ibérique. Alors que le courant est progressivement rétabli, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer les causes de cette défaillance sans précédent.

Une panne d’une ampleur inédite

Le lundi 28 avril 2025, vers 12h30, une panne électrique massive a frappé l’Espagne et le Portugal, affectant également certaines régions du sud de la France. En quelques instants, environ 15 gigawatts de capacité électrique ont été perdus, représentant près de 60 % de la demande espagnole à ce moment-là. Cette défaillance a entraîné l’arrêt des métros, des trains à grande vitesse, des feux de circulation et des réseaux de télécommunication. Les aéroports, dont Madrid-Barajas et Lisbonne-Humberto Delgado, ont connu des perturbations majeures, avec des vols annulés ou retardés en raison de l’absence de systèmes de navigation et de sécurité fonctionnels.​

Le gestionnaire du réseau électrique espagnol, Red Eléctrica de España (REE), a qualifié l’incident d’« exceptionnel et totalement extraordinaire », estimant que le rétablissement complet pourrait prendre entre six et dix heures. En France, le gestionnaire RTE a signalé des coupures brèves dans le sud du pays, notamment dans le Pays basque, en raison de l’interconnexion avec le réseau espagnol.​

Une enquête judiciaire pour élucider les causes

Face à l’ampleur de la panne, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer les causes de cette défaillance. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a annoncé la création d’une commission d’enquête chargée d’examiner l’incident et le rôle des entreprises énergétiques privées. Si les premières analyses des opérateurs énergétiques ont écarté l’hypothèse d’une cyberattaque, l’Audience nationale, la plus haute juridiction pénale espagnole, a lancé une enquête pour cyberterrorisme. Le gestionnaire du réseau électrique portugais, REN, a également écarté l’hypothèse d’un sabotage cybernétique.​

Par ailleurs, une théorie avancée par le Portugal, selon laquelle un phénomène atmosphérique rare en Espagne aurait provoqué des oscillations sur les lignes à haute tension, a été démentie par l’Agence météorologique nationale espagnole (AEMET). Le météorologue Roberto Brasero a confirmé l’absence de phénomènes météorologiques inhabituels ce jour-là.​

Un retour progressif à la normale

Dès le mardi matin, l’électricité a été rétablie dans la quasi-intégralité de l’Espagne et du Portugal, permettant un retour progressif à la vie normale. Les services de transport ferroviaire ont repris sur plusieurs grands axes, dont Madrid-Séville et Madrid-Barcelone, selon la compagnie nationale Renfe. Cependant, le trafic restait suspendu sur plusieurs autres grandes lignes, les autorités ayant donné la priorité au rétablissement des trains suburbains. Le ministre des Transports espagnol, Óscar Puente, a indiqué que trois trains étaient encore bloqués mardi matin en Espagne avec des passagers à bord.​

Les écoles, les bars et les magasins ont progressivement rouvert leurs portes, tandis que les hôpitaux ont pu reprendre leurs activités normales grâce au rétablissement de l’électricité. Cependant, certains services, notamment les réseaux de téléphonie mobile et d’internet, ont mis plus de temps à se stabiliser.​

Vers une résilience accrue des infrastructures énergétiques

Cet incident met en évidence la fragilité des réseaux électriques interconnectés en Europe. La dépendance croissante à une infrastructure énergétique centralisée et la complexité des interconnexions transfrontalières rendent les systèmes plus vulnérables aux défaillances. Les autorités européennes sont appelées à renforcer la résilience des réseaux, notamment en investissant dans des technologies de surveillance avancées et en élaborant des protocoles de réponse aux incidents plus robustes.​

La Commission européenne a exprimé son soutien aux pays touchés et a proposé une coordination accrue pour prévenir de tels événements à l’avenir. Cet épisode souligne la nécessité d’une coopération renforcée entre les États membres pour garantir la sécurité énergétique et la stabilité des infrastructures critiques.​

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