Pandémies : l’OMS conclut un accord mondial pour plus d’équité, après trois ans de négociations

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Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, - © : DENIS BALIBOUSE / REUTERS

Après plus de trois ans de négociations intenses, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la conclusion d’un accord mondial visant à renforcer la réponse aux pandémies. Adopté par 191 des 194 États membres, cet accord marque une étape significative vers une meilleure équité mondiale en matière de santé. Parmi les mesures phares, le renforcement du transfert de technologies vers les pays du Sud et la création d’un système de partage des agents pathogènes. Cependant, l’absence notable des États-Unis, de l’Argentine et du Costa Rica soulève des questions sur l’universalité de cet engagement.​

Un accord historique pour une réponse mondiale coordonnée contre les pandémies

Le 16 avril 2025, à Genève, l’OMS a annoncé que 191 des 194 États membres avaient adopté un accord mondial sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies. Ce traité, fruit de treize cycles de négociations depuis décembre 2021, vise à tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 et à instaurer une coopération internationale renforcée pour faire face aux futures menaces sanitaires. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué cet accord comme « un moment historique » démontrant que « le multilatéralisme est bien vivant » .​

L’accord prévoit notamment la création d’un « Système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages » (PABS), visant à faciliter le partage rapide des informations sur les agents pathogènes et à garantir un accès équitable aux produits de santé qui en découlent, tels que les vaccins et les tests diagnostiques. Ce système ambitionne de corriger les inégalités observées lors de la pandémie de COVID-19, où les pays en développement ont souvent été les derniers servis en matière de vaccins et de traitements .​

Le transfert de technologies au cœur des débats

L’article 11 du traité, concernant le transfert de technologies vers les pays en développement, a été l’un des points les plus débattus. Alors que certains pays du Nord, dotés d’une industrie pharmaceutique puissante, étaient réticents à l’idée d’un transfert obligatoire, un consensus a finalement été trouvé autour d’un transfert « convenu d’un commun accord ». Cette formulation vise à encourager la coopération tout en respectant la souveraineté des États et les droits de propriété intellectuelle .​

Le traité souligne également l’importance de renforcer les capacités locales de production de produits de santé dans les pays du Sud, afin de réduire leur dépendance et d’améliorer leur réactivité face aux pandémies. Des mécanismes de financement et de soutien technique sont prévus pour accompagner ces initiatives.​

Des absences notables et des critiques

Malgré l’adoption de l’accord par la majorité des États membres, les États-Unis, l’Argentine et le Costa Rica ont choisi de ne pas le signer. Les États-Unis, en particulier, ont exprimé des préoccupations concernant la souveraineté nationale et la protection de la propriété intellectuelle. Cette absence soulève des questions sur l’efficacité de l’accord, étant donné le rôle central des États-Unis dans la recherche et la production de produits de santé .​

Certaines organisations non gouvernementales ont salué l’accord comme une avancée majeure, tout en soulignant qu’il reste du chemin à parcourir pour garantir une véritable équité mondiale en matière de santé. Elles appellent à une mise en œuvre rigoureuse des engagements pris et à une vigilance constante pour éviter que les promesses ne restent lettre morte.​

Vers une mise en œuvre effective et équitable

L’accord doit encore être formellement ratifié lors de la prochaine Assemblée mondiale de la santé en mai 2025. Sa mise en œuvre nécessitera une coordination étroite entre les États membres, l’OMS et les autres parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile.

Des mécanismes de suivi et d’évaluation sont prévus pour assurer la transparence et la responsabilité dans l’application des dispositions du traité. L’OMS s’engage à soutenir les pays dans cette démarche, en fournissant une assistance technique et en facilitant le partage des meilleures pratiques.​

En conclusion, cet accord marque une étape importante vers une réponse mondiale plus équitable et coordonnée aux pandémies. Cependant, sa réussite dépendra de la volonté politique des États membres, de la mobilisation des ressources nécessaires et de l’engagement de tous les acteurs concernés pour traduire les engagements en actions concrètes.

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