
Après des années de tensions et de ruptures diplomatiques, l’Iran et les États-Unis se retrouvent à Rome pour une nouvelle tentative de dialogue sur le programme nucléaire iranien. Cette reprise des discussions, bien que menée de manière indirecte, marque un tournant potentiel dans les relations entre les deux pays. Médiées par Oman, ces négociations interviennent dans un contexte régional tendu et sous la menace de sanctions renforcées. Cet article explore les enjeux, les acteurs et les perspectives de ces pourparlers cruciaux.
Un retour au dialogue sous haute tension
Le 19 avril 2025, l’Iran et les États-Unis ont entamé un second round de négociations sur le nucléaire iranien à Rome, après une première rencontre indirecte à Mascate la semaine précédente. Ces discussions se déroulent à l’ambassade d’Oman, avec la médiation du ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al-Busaidi. Côté iranien, la délégation est menée par le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, tandis que les États-Unis sont représentés par Steve Witkoff, envoyé spécial du président Donald Trump.
Ces pourparlers interviennent après une période de tensions accrues, marquée par le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) en 2018 et la reprise par Téhéran de ses activités d’enrichissement d’uranium à des niveaux proches de ceux nécessaires à la fabrication d’une arme nucléaire. Le président Trump a récemment adressé une lettre au guide suprême iranien, Ali Khamenei, proposant une reprise des négociations, tout en menaçant de recourir à la force militaire en cas d’échec diplomatique.
Des positions divergentes mais une volonté de compromis
Les États-Unis exigent un arrêt complet de l’enrichissement d’uranium par l’Iran et la fermeture de ses installations nucléaires sensibles. De son côté, l’Iran insiste sur le caractère pacifique de son programme nucléaire et réclame la levée des sanctions économiques qui pèsent lourdement sur son économie. Téhéran propose un accord en trois étapes : un gel de l’enrichissement à 3,67 %, la ratification du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et le transfert de son uranium enrichi vers un pays tiers.
Malgré ces divergences, les deux parties semblent prêtes à explorer des compromis. L’Iran, confronté à une crise économique sévère et à des troubles sociaux internes, cherche à obtenir un allègement des sanctions. Les États-Unis, quant à eux, souhaitent éviter une escalade militaire dans une région déjà instable.
Un contexte régional et international complexe
Ces négociations se déroulent dans un contexte régional tendu, marqué par le conflit entre Israël et le Hamas, les frappes américaines contre les Houthis au Yémen, et les tensions persistantes entre l’Iran et ses voisins arabes. Par ailleurs, la Russie, alliée traditionnelle de l’Iran, a exprimé son soutien aux discussions en cours, tandis que les pays européens, traditionnellement impliqués dans le dossier nucléaire iranien, sont cette fois-ci exclus des pourparlers.
Cette exclusion des Européens suscite des critiques, certains estimant que leur expérience et leur connaissance du dossier pourraient faciliter les négociations. Néanmoins, l’Italie, hôte des discussions, et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont exprimé leur soutien au processus en cours.
Vers une désescalade ou une impasse ?
La reprise des négociations entre l’Iran et les États-Unis à Rome représente une opportunité de désescalade dans un dossier qui menace la stabilité régionale et internationale. Cependant, les obstacles restent nombreux : méfiance mutuelle, exigences contradictoires, et pressions internes et externes sur les deux parties. La réussite de ces pourparlers dépendra de la capacité des négociateurs à trouver un terrain d’entente acceptable pour tous, dans un climat de transparence et de bonne foi.
Si un accord est trouvé, il pourrait ouvrir la voie à une normalisation progressive des relations entre l’Iran et la communauté internationale, et à une réduction des tensions au Moyen-Orient. Dans le cas contraire, le risque d’une escalade militaire et d’une prolifération nucléaire dans la région resterait élevé.
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