Nucléaire iranien : les États-Unis et l’Iran reprennent le dialogue sous haute tension

Nucléaire Iranien
Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi - © : AFP

Après une première rencontre qualifiée de « constructive » à Oman le 12 avril, les États-Unis et l’Iran ont convenu de poursuivre leurs discussions sur le nucléaire iranien à Rome, le 19 avril. Ce nouveau cycle de négociations, toujours sous médiation omanaise, intervient dans un contexte de méfiance persistante, de pressions économiques et de menaces militaires. L’enjeu : désamorcer une crise nucléaire latente tout en répondant aux attentes sécuritaires et économiques des deux parties.​

Un dialogue indirect mais inédit depuis 2018

Le 12 avril 2025 à Mascate, capitale du sultanat d’Oman, les délégations iranienne et américaine ont entamé des pourparlers indirects sur le nucléaire iranien, une première depuis le retrait des États-Unis de l’accord de Vienne en 2018. Les négociations, menées par le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et l’envoyé spécial américain Steve Witkoff, se sont déroulées dans des salles séparées, avec l’aide du médiateur omanais Badr al-Busaidi. Un bref échange direct de 45 minutes entre les deux chefs de délégation a toutefois eu lieu, marquant une avancée symbolique dans un climat de défiance.​

Les discussions ont porté sur la réduction des tensions régionales, des échanges de prisonniers et la possibilité d’un allègement temporaire des sanctions en échange de limitations sur le programme nucléaire iranien. Les deux parties ont convenu de se retrouver à Rome le 19 avril pour poursuivre les négociations, toujours sous médiation omanaise.​

Rome : un nouveau cadre pour des négociations sensibles

La capitale italienne accueillera le 19 avril le second cycle de discussions entre les États-Unis et l’Iran. Ce choix de lieu, proposé par la partie américaine, vise à offrir un cadre neutre et propice à des échanges plus directs. L’Italie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, a confirmé sa volonté de soutenir ces pourparlers en fournissant un environnement favorable au dialogue.​

Avant cette rencontre, Abbas Araghchi se rendra à Moscou pour consulter son homologue russe Sergueï Lavrov. La Russie, signataire de l’accord de 2015, reste un acteur clé dans ce dossier et soutient le droit de l’Iran à un programme nucléaire civil. Cette visite vise à coordonner les positions et à renforcer le soutien diplomatique de Téhéran avant les discussions de Rome.​

Des enjeux nucléaires et économiques cruciaux

Depuis le retrait américain de l’accord en 2018, l’Iran a progressivement repris ses activités nucléaires, enrichissant de l’uranium jusqu’à 60 %, un niveau proche de celui nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires. Téhéran affirme que son programme est à des fins civiles, notamment pour la production d’énergie, mais les inquiétudes internationales persistent.​

L’Iran cherche à obtenir une levée des sanctions économiques qui asphyxient son économie, notamment dans les secteurs pétrolier et financier. De son côté, Washington exige des garanties vérifiables sur la non-militarisation du programme nucléaire iranien. Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, prévoit de se rendre à Téhéran cette semaine pour discuter de l’accès des inspecteurs aux sites nucléaires iraniens et des traces d’uranium détectées dans des installations non déclarées.​

Une diplomatie sous la menace de l’escalade

Malgré ces avancées diplomatiques, le climat reste tendu. Le président américain Donald Trump a averti que des actions militaires pourraient être envisagées si les négociations échouaient. L’Iran, de son côté, a prévenu que toute attaque contre son territoire entraînerait des représailles sévères, notamment contre les bases américaines dans la région.​

Israël, allié des États-Unis, suit de près ces discussions et reste sceptique quant à leur issue. Le Premier ministre israélien a réaffirmé que son pays se réservait le droit d’agir unilatéralement pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Dans ce contexte, les négociations de Rome apparaissent comme une tentative cruciale pour éviter une escalade militaire et trouver une solution diplomatique durable.

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