
En 2025, Mondial Relay amorce une transformation majeure de son réseau de distribution en France, en remplaçant progressivement ses points relais traditionnels par des lockers automatisés. Cette décision, motivée par une volonté d’optimisation et d’adaptation aux nouvelles habitudes de consommation, suscite une vive inquiétude parmi les commerçants partenaires. Alors que l’entreprise met en avant la flexibilité offerte par les lockers, les commerçants redoutent une perte de revenus et une diminution du trafic en magasin. Cette évolution soulève des questions sur l’avenir du commerce de proximité et l’équilibre entre automatisation et lien social.
Une restructuration d’envergure : vers la généralisation des lockers
Mondial Relay, acteur majeur de la livraison de colis en France, a annoncé la suppression progressive de plusieurs milliers de points relais chez les commerçants au cours de l’année 2025. Selon l’entreprise, environ 3 500 points relais seront amenés à quitter le réseau, dont environ 2 500 qui, comme chaque année, mettent fin à leur activité de Points Relais® et qui ne seront pas remplacés. Cette décision s’inscrit dans une stratégie de « rationalisation » et « d’optimisation » du réseau, visant à proposer un maillage plus adapté aux nouvelles habitudes des consommateurs.
Parallèlement, Mondial Relay accélère le déploiement de ses consignes automatiques, ou lockers, accessibles 24h/24 et 7j/7. En deux ans, l’entreprise a doublé son offre de consignes et en compte désormais 7 000 dans l’Hexagone, affirmant proposer « le plus grand réseau de lockers de France ». Cette évolution répond à une demande croissante des consommateurs pour des solutions de livraison plus flexibles.
Les commerçants de proximité en première ligne
Pour de nombreux commerçants, cette restructuration représente une perte significative de revenus. Les contrats de dépôt avec Mondial Relay leur rapportaient généralement entre 300 et 1 000 euros par mois, en fonction de l’affluence de leur point relais. Au-delà de l’aspect financier, l’activité de relais colis générait un flux régulier de clients, contribuant aux ventes de leur magasin.
Dans certaines zones, l’installation de lockers à proximité des commerces existants aggrave la situation. Par exemple, une épicerie a vu le nombre de colis hebdomadaires traités chuter drastiquement, de 150 à seulement 30, suite à l’implantation d’une consigne automatique dans son voisinage.
La députée socialiste du Finistère, Mélanie Thomin, a exprimé ses préoccupations dans un courrier adressé au gouvernement, dénonçant une décision prise « sans concertation » et rappelant que la fermeture de ces points freine le dynamisme des territoires ruraux.
Une transition qui interroge l’expérience client
Si les lockers offrent une flexibilité appréciée par certains consommateurs, notamment ceux ayant des horaires de travail atypiques, ils modifient profondément l’expérience client. L’interaction humaine, les conseils personnalisés et l’assistance en cas de problème, caractéristiques des points relais traditionnels, disparaissent avec l’automatisation.
Selon une étude Toluna Harris Interactive pour la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), la livraison en consignes à la suite d’un achat sur internet a progressé de quatre points en 2024. Cependant, cette évolution soulève des questions sur l’équilibre entre efficacité logistique et maintien du lien social, en particulier dans les zones rurales où les commerces locaux jouent un rôle essentiel.
Vers un nouvel équilibre entre technologie et proximité
La décision de Mondial Relay de privilégier les lockers reflète une tendance plus large dans le secteur de la logistique, où l’automatisation gagne du terrain face au service humain. D’autres acteurs majeurs, comme La Poste ou Amazon, investissent également dans les infrastructures automatisées.
Toutefois, cette transition soulève des enjeux importants pour le commerce de proximité et l’aménagement du territoire. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les avantages offerts par les nouvelles technologies et la préservation des services de proximité, afin de garantir un accès équitable aux services de livraison pour l’ensemble des citoyens, quel que soit leur lieu de résidence.
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