
À l’approche de la Coupe du monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, une vive controverse éclate autour d’un possible abattage massif de chiens errants. Des ONG internationales dénoncent un plan visant à éliminer jusqu’à 3 millions de chiens, tandis que les autorités marocaines démentent ces accusations. Entre enjeux sanitaires, image internationale et mobilisation associative, le débat soulève des questions éthiques et politiques majeures au Maroc.
Une controverse alimentée par des chiffres alarmants
Depuis début 2025, plusieurs organisations de protection animale, dont la Fondation Brigitte Bardot et la Coalition internationale animale, alertent sur une possible campagne d’abattage de chiens errants au Maroc. Selon ces ONG, jusqu’à 3 millions de chiens pourraient être tués d’ici 2030, dans le but de « nettoyer les rues » avant l’arrivée des supporters pour la Coupe du monde. Les méthodes évoquées incluent empoisonnements, tirs à balles et crématoriums clandestins, suscitant l’indignation de la communauté internationale.
La célèbre primatologue Jane Goodall a également exprimé sa préoccupation, appelant la FIFA à suspendre l’attribution du Mondial au Maroc tant que ces pratiques ne cessent pas. Elle souligne que « des alternatives humaines pour contrôler les populations de chiens errants existent » et qu’il n’y a « aucune excuse pour cette campagne de cruauté exécutée au nom du football ».
Réponse des autorités marocaines : démentis et projets éthiques
Face à ces accusations, le ministère de l’Intérieur marocain a démenti l’existence de toute campagne d’abattage. Mohammed Roudani, chef de la division de l’Hygiène et des Espaces verts, a affirmé que les informations relayées par certains médias internationaux sont « totalement infondées ». Il précise que les collectivités territoriales sont engagées à mettre en place des solutions éthiques et durables pour gérer le phénomène des chiens errants, en conformité avec les normes internationales de protection animale.
Le Maroc a d’ailleurs adopté depuis 2019 une convention quadripartite visant à mettre en œuvre la méthode TNR (Trap-Neuter-Release), qui consiste à capturer, stériliser, vacciner et relâcher les chiens errants. Cette approche, soutenue par des circulaires ministérielles, est présentée comme une alternative éthique aux abattages. Cependant, sa mise en œuvre reste inégale sur le territoire, et des images de maltraitance continuent de circuler sur les réseaux sociaux, alimentant les doutes sur l’application effective de ces mesures.
Mobilisation associative : entre dénonciation et propositions
Les associations de protection animale, tant au Maroc qu’à l’international, intensifient leurs actions pour dénoncer les abattages et proposer des solutions alternatives. La Fondation Brigitte Bardot a lancé une pétition demandant soit l’arrêt immédiat des abattages, soit la disqualification du Maroc en tant que pays hôte du Mondial 2030. De son côté, l’Organisation Internationale pour la Protection des Animaux (OIPA) a adressé une lettre à la FIFA, exprimant sa profonde préoccupation face à ce qu’elle qualifie de « campagne brutale d’abattage ».
Au niveau local, des figures comme Habiba Tazi, présidente de l’Association de défense des animaux et de la nature (ADAN), œuvrent depuis des années pour la protection des animaux errants. Son association gère un refuge à Rabat et milite pour des solutions durables, telles que la stérilisation et la vaccination. Cependant, ces initiatives manquent souvent de soutien financier et institutionnel pour être déployées à grande échelle.
Vers une gestion durable des animaux errants au Maroc
La gestion des chiens errants au Maroc soulève des enjeux complexes, mêlant santé publique, bien-être animal et image internationale. Si les autorités affirment leur engagement en faveur de solutions éthiques, la réalité sur le terrain semble plus nuancée, avec des pratiques d’abattage encore signalées dans certaines régions. La mise en œuvre effective de la méthode TNR nécessite des ressources, une coordination interinstitutionnelle et une sensibilisation de la population.
À l’approche du Mondial 2030, le Maroc est confronté à un double défi : garantir la sécurité et la salubrité publiques tout en respectant les normes internationales de protection animale. La réussite de cette entreprise dépendra de la capacité des autorités à collaborer avec les associations, à mobiliser les ressources nécessaires et à instaurer un cadre juridique clair et contraignant. Dans ce contexte, la pression internationale pourrait jouer un rôle catalyseur pour accélérer les réformes et promouvoir une gestion durable des animaux errants.
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