
Les scanners médicaux (ou tomodensitométries) sont devenus incontournables dans la médecine moderne, permettant de diagnostiquer de nombreuses pathologies avec précision. Cependant, une récente étude américaine soulève des inquiétudes : ces examens pourraient être responsables de 5 % des nouveaux cas de cancer chaque année. Faut-il s’en alarmer ou relativiser ces chiffres ? Décryptage d’une question de santé publique.
Une utilisation croissante des scanners et des risques associés
En 2023, environ 93 millions de scanners ont été réalisés aux États-Unis, soit une augmentation de 30 % depuis 2009. Cette hausse s’explique par la capacité des scanners à fournir des images détaillées, facilitant le diagnostic de maladies graves telles que les cancers ou les maladies cardiovasculaires. Néanmoins, ces examens exposent les patients à des doses d’irradiation significatives.
L’étude publiée dans JAMA Internal Medicine estime que ces examens pourraient entraîner environ 103 000 nouveaux cas de cancer par an aux États-Unis, soit 5 % des diagnostics annuels. Les cancers les plus fréquemment associés sont ceux du poumon, du côlon, la leucémie et le cancer de la vessie. Chez les enfants, les cancers de la thyroïde, du poumon et du sein sont les plus préoccupants.
Il est important de noter que le risque individuel reste faible. Par exemple, une seule tomodensitométrie abdominale équivaut à environ huit années d’exposition à la radiation naturelle. Cependant, à l’échelle de la population, l’accumulation de ces faibles risques devient significative.
Des pratiques variables selon les pays
La fréquence des scanners varie considérablement d’un pays à l’autre. Au Royaume-Uni, des directives strictes limitent leur utilisation à moins de 100 examens pour 1 000 habitants par an. En revanche, aux États-Unis, en France, en Espagne et en Australie, ce taux dépasse les 250 pour 1 000 habitants.
Cette disparité s’explique en partie par des différences dans les protocoles médicaux et la régulation des doses de radiation. Par exemple, certaines études ont révélé que des patients recevaient des doses de radiation jusqu’à 15 fois supérieures à la norme, en fonction de l’appareil utilisé et de l’établissement médical.
En France, bien que les scanners soient largement utilisés, des efforts sont en cours pour encadrer leur utilisation, notamment en sensibilisant les professionnels de santé aux risques associés et en promouvant des alternatives lorsque cela est possible.
Vers une utilisation plus judicieuse des scanners
Face à ces préoccupations, plusieurs recommandations émergent pour optimiser l’utilisation des scanners :
- Justification médicale : Les scanners doivent être prescrits uniquement lorsque les bénéfices diagnostiques surpassent les risques potentiels.
- Optimisation des doses : Les professionnels de santé doivent veiller à utiliser la dose de radiation la plus faible possible tout en obtenant une image de qualité suffisante.
- Alternatives sans radiation : Lorsque cela est approprié, des examens comme l’IRM ou l’échographie, qui n’utilisent pas de radiation ionisante, peuvent être privilégiés.
- Éviter les examens inutiles : Les scanners à visée de dépistage chez des individus asymptomatiques, notamment les examens corporels complets proposés par certaines cliniques privées, sont déconseillés en raison du risque accru sans bénéfice prouvé.
Des initiatives sont également en cours pour standardiser les protocoles d’imagerie et former les professionnels à une utilisation plus rationnelle des scanners.
Un équilibre entre bénéfices et risques
Les scanners représentent un outil diagnostique précieux, souvent indispensable pour la prise en charge de nombreuses pathologies. Cependant, leur utilisation doit être encadrée pour minimiser les risques associés à l’exposition aux radiations. Il est essentiel que patients et professionnels de santé collaborent pour évaluer la nécessité de chaque examen, en tenant compte des bénéfices attendus et des risques potentiels.
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