
L’Algérie, riche de vastes réserves d’hydrocarbures, ambitionne de doubler sa production annuelle de gaz naturel pour atteindre 200 milliards de mètres cubes d’ici 2030. Ce projet audacieux vise à renforcer la position du pays sur le marché énergétique mondial, tout en répondant à une demande intérieure croissante. Pour concrétiser cette vision, l’Algérie mise sur des investissements massifs, des partenariats stratégiques avec des multinationales et une modernisation de ses infrastructures gazières.
Expansion stratégique du champ de Hassi R’Mel
Au cœur de cette initiative se trouve le champ de Hassi R’Mel, le plus grand gisement de gaz en Afrique, qui représente environ 26% de la production nationale quotidienne. Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, prévoit d’y installer trois nouvelles stations de compression de gaz d’ici 2027. Ces installations devraient permettre une récupération supplémentaire estimée à 121 milliards de mètres cubes de gaz naturel, ainsi que la production de 7 millions de tonnes de condensats et 3 millions de tonnes de gaz de pétrole liquéfié (GPL), des ressources stratégiques pour les marchés domestiques et internationaux.
Investissements massifs et découvertes prometteuses
Pour soutenir cette ambition, Sonatrach a annoncé un plan d’investissement global de 50 milliards de dollars sur la période 2024-2028, dont 36 milliards seront spécifiquement dédiés aux activités d’exploration et de production gazière. Ces investissements visent non seulement à augmenter la production, mais aussi à moderniser les infrastructures existantes et à améliorer l’efficacité opérationnelle. En 2023, huit nouveaux gisements prometteurs ont été découverts, offrant au pays des perspectives accrues en matière d’approvisionnement énergétique.
Partenariats internationaux et diversification des exportations
L’Algérie cherche également à renforcer sa coopération avec des compagnies pétrolières et gazières internationales. Des négociations sont en cours avec des géants tels que Chevron et ExxonMobil pour le développement de nouveaux champs, notamment en offshore. En janvier 2025, un accord a été signé avec Chevron pour une coopération dans des projets offshore, tandis qu’en février de la même année, Sonatrach et la société chinoise Sinopec ont conclu un contrat de 850 millions de dollars pour le développement et l’exploration d’hydrocarbures en Algérie.
Parallèlement, l’Algérie envisage de diversifier ses routes d’exportation. Le projet de gazoduc transsaharien, visant à relier le Nigeria à l’Europe via le territoire algérien, est en cours de développement. Cette infrastructure stratégique permettrait d’accroître l’accès direct au marché européen, particulièrement sensible aux enjeux de sécurité énergétique ces dernières années.
Défis et perspectives d’avenir
Toutefois, plusieurs défis se profilent à l’horizon. La demande intérieure en énergie est en constante augmentation, portée par une croissance démographique soutenue et une industrialisation croissante. Il est donc crucial pour l’Algérie de trouver un équilibre entre les besoins domestiques et ses engagements d’exportation. De plus, le marché mondial du gaz est en pleine mutation, avec une concurrence accrue de nouveaux acteurs et une transition énergétique qui favorise les énergies renouvelables. Selon Shell, la demande mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) devrait augmenter d’environ 60% d’ici 2040, principalement en raison de la croissance économique en Asie et des efforts pour réduire les émissions dans les industries lourdes et le transport. L’Algérie devra donc naviguer avec prudence dans un paysage énergétique mondial en pleine évolution, tout en veillant à satisfaire une demande intérieure croissante.
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