
La France a annoncé, mardi 15 avril 2025, l’expulsion de douze agents diplomatiques algériens et le rappel de son ambassadeur à Alger. Cette décision fait suite à une mesure équivalente prise par l’Algérie, qui avait ordonné l’expulsion de douze diplomates français en réponse à l’arrestation d’un agent consulaire algérien en France. Cet échange de sanctions marque une escalade sans précédent dans les relations entre les deux pays, déjà fragilisées par des différends politiques et historiques persistants.
Une spirale de représailles diplomatiques
Le 15 avril 2025, Paris a réagi à l’expulsion de douze de ses diplomates par Alger en ordonnant à son tour le départ de douze agents du réseau consulaire et diplomatique algérien en France. Simultanément, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a été rappelé pour consultations. L’Élysée a justifié cette décision en accusant les autorités algériennes d’être responsables d’une « dégradation brutale » des relations bilatérales.
Cette crise a été déclenchée par l’arrestation, le 8 avril, d’un agent du consulat algérien de Créteil, mis en examen pour son implication présumée dans l’enlèvement de l’influenceur et opposant algérien Amir Boukhors, alias Amir DZ, bénéficiant de l’asile politique en France. En réaction, Alger a ordonné l’expulsion de douze diplomates français, mesure à laquelle Paris a répondu par une action symétrique.
Des tensions enracinées dans des différends historiques et politiques
Les relations entre l’Algérie et la France sont marquées par une histoire complexe, notamment liée à la colonisation et à la guerre d’indépendance. Depuis l’été 2024, les tensions se sont intensifiées après que la France a exprimé son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, une position contestée par l’Algérie, qui soutient le Front Polisario.
Par ailleurs, l’arrestation en novembre 2024 de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, critique du régime algérien, a exacerbé les tensions. Sansal a été condamné à cinq ans de prison, une décision qui a suscité l’indignation en France.
Une tentative de réconciliation avortée
Début avril 2025, une tentative de réconciliation avait été amorcée avec la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à Alger. Cette visite visait à relancer le dialogue et à apaiser les tensions. Cependant, l’arrestation de l’agent consulaire algérien en France et les expulsions réciproques qui ont suivi ont rapidement mis fin à cette initiative.
Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a qualifié « d’inadmissible » le fait que « la France soit un terrain de jeu pour les services algériens », soulignant la gravité de la situation.
Vers une rupture des relations diplomatiques ?
Cette crise diplomatique entre l’Algérie et la France soulève des questions sur l’avenir des relations bilatérales. Les expulsions réciproques de diplomates et le rappel des ambassadeurs constituent des mesures rares et significatives, indiquant une détérioration profonde des liens entre les deux pays.
Les enjeux sont multiples : coopération en matière de sécurité, gestion des flux migratoires, relations économiques et commerciales, et dialogue sur les questions mémorielles. La poursuite de cette escalade pourrait avoir des répercussions importantes, non seulement pour les relations franco-algériennes, mais aussi pour la stabilité régionale en Méditerranée.
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