Destitution de Yoon Suk-yeol : la Corée du Sud face à un tournant démocratique

Le président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol. - © : AFP/Mauro PIMENTEL

La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a confirmé, le 4 avril 2025, la destitution du président Yoon Suk-yeol. Ce verdict intervient après l’instauration controversée de la loi martiale en décembre 2024. Le chef de l’État est accusé d’avoir porté atteinte aux institutions démocratiques. Cette décision marque une rupture historique pour le pays.

Un verdict sans appel des juges constitutionnels

Après 111 jours d’attente, la Cour constitutionnelle a tranché. Le 4 avril, les huit juges ont validé à l’unanimité la procédure de destitution du président Yoon Suk-yeol.

Ils estiment que le chef de l’État a violé la Constitution. En effet, il a ordonné, le 3 décembre 2024, la mise en place de la loi martiale. Cette mesure a suspendu temporairement le fonctionnement du Parlement. Des troupes militaires ont été déployées pour bloquer l’accès à l’Assemblée nationale.

Le juge Moon Hyung-bae, président par intérim de la Cour, a dénoncé une « trahison de la confiance du peuple ». Il a également souligné la « gravité exceptionnelle » de cet acte, contraire aux principes démocratiques.

Une crise née d’un bras de fer politique

Pourquoi Yoon Suk-yeol a-t-il imposé la loi martiale ? Selon ses proches, il cherchait à stopper un blocage politique majeur. L’opposition contrôlait l’Assemblée et menaçait son autorité.

Mais cette réponse autoritaire a choqué l’opinion publique. De nombreuses manifestations ont éclaté dans tout le pays. À Séoul, des centaines de milliers de citoyens sont descendus dans la rue. La pression populaire, combinée à des appels internationaux à la retenue, a contraint le président à lever la mesure en moins de deux jours.

Malgré ce retour en arrière, les dégâts politiques étaient faits. Le Parlement a rapidement lancé la procédure de destitution, qui a été adoptée avec une large majorité.

Une transition sous tension à Séoul

La destitution de Yoon ouvre une nouvelle phase politique. Selon la Constitution sud-coréenne, une élection présidentielle anticipée doit avoir lieu dans les 60 jours. En attendant, le Premier ministre Han Duck-soo assure l’intérim.

Le pays se prépare donc à une campagne électorale rapide et intense. Le leader de l’opposition, Lee Jae-myung, est donné favori. Cependant, il fait lui-même face à des accusations judiciaires. L’élection s’annonce donc incertaine.

Cette situation crée un climat politique tendu. Les divisions entre les partisans de Yoon et ses opposants restent profondes. La société sud-coréenne, polarisée, devra surmonter cette crise pour éviter une nouvelle instabilité.

Une démocratie testée, mais renforcée ?

La Corée du Sud est-elle en crise ou en transformation ? Pour de nombreux observateurs, cette décision renforce au contraire la démocratie. Elle montre que la justice peut s’imposer au pouvoir exécutif.

En 2017, Park Geun-hye avait déjà été destituée. Ce nouvel épisode confirme la capacité des institutions à résister aux dérives autoritaires. Toutefois, il souligne aussi certaines fragilités du système politique.

La classe dirigeante devra désormais restaurer la confiance du peuple. Cela passera par plus de transparence, de dialogue, et des réformes constitutionnelles. Car si la démocratie a résisté, elle en sort ébranlée.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*