
Une grève de deux jours a débuté ce lundi 31 mars 2025 au sein des principales entreprises de l’audiovisuel public français, notamment France Télévisions et Radio France, en réaction au projet gouvernemental de réforme visant à créer une holding commune. Ce mouvement social, qui s’étend également à France Médias Monde et à l’Institut national de l’audiovisuel (INA), reflète les inquiétudes des salariés quant à l’avenir de leurs entreprises et des missions de service public qu’elles portent.
Les raisons de la mobilisation
Le projet de loi, porté par la ministre de la Culture Rachida Dati, prévoit la création d’une holding baptisée « France Médias », destinée à regrouper France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA sous une gouvernance unique. L’objectif affiché est de renforcer la coopération et l’efficacité de l’audiovisuel public dans un contexte de concurrence accrue. Cependant, cette initiative suscite de vives inquiétudes parmi les salariés et les syndicats. Ces derniers redoutent que cette restructuration n’entraîne une perte d’indépendance éditoriale, des suppressions de postes et une dilution des missions spécifiques à chaque entité. Ils dénoncent également un manque de concertation dans l’élaboration de cette réforme.
Impact sur les programmes et réactions des directions
Dès le premier jour de grève, les antennes de France Culture et de plusieurs stations locales du réseau Ici (anciennement France Bleu) ont diffusé de la musique en lieu et place de leurs programmes habituels, témoignant de l’ampleur de la mobilisation. À France Télévisions, bien que les grilles de programmes aient été moins perturbées, des ralentissements dans la production et la diffusion ont été constatés. Les directions des différentes entreprises concernées ont exprimé leur compréhension face aux préoccupations des salariés tout en soulignant la nécessité d’une réforme pour adapter l’audiovisuel public aux défis contemporains. Elles appellent au dialogue et assurent que des discussions seront menées pour répondre aux interrogations et aux craintes exprimées.
Enjeux et perspectives de la réforme
La création de la holding « France Médias » s’inscrit dans une volonté de mutualiser les ressources et de renforcer la compétitivité de l’audiovisuel public français face aux géants privés et aux plateformes numériques internationales. Toutefois, cette réforme soulève des questions majeures quant à la préservation de la diversité éditoriale, à l’indépendance des rédactions et au maintien des spécificités culturelles propres à chaque entité. Les syndicats alertent également sur les risques de coupes budgétaires et de réductions d’effectifs qui pourraient découler de cette restructuration. Ils appellent à une mobilisation large pour défendre un service public de l’audiovisuel fort, indépendant et au service de tous les citoyens.
Position du gouvernement et calendrier législatif
La ministre de la Culture, Rachida Dati, demeure ferme sur la nécessité de cette réforme, qu’elle qualifie d’indispensable » pour l’avenir de l’audiovisuel public. Elle affirme que le projet tient compte des consultations menées avec les syndicats et les professionnels du secteur et insiste sur l’urgence de créer un groupe audiovisuel public fort dans un paysage médiatique en pleine mutation. L’examen du texte à l’Assemblée nationale est prévu pour le 10 avril, bien que des reports soient envisageables en fonction de l’évolution du contexte social et politique. Le gouvernement espère une adoption rapide afin de mettre en œuvre la réforme dès le début de l’année 2026.
Cette grève de deux jours illustre les tensions et les défis auxquels est confronté l’audiovisuel public français à l’heure des grandes mutations médiatiques. Entre volonté de modernisation et préservation des valeurs fondamentales du service public, le dialogue entre les différentes parties prenantes sera déterminant pour façonner l’avenir du paysage audiovisuel national.
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