
L’annonce de l’arrivée de Benjamin Duhamel sur France Inter, tout en conservant ses fonctions sur BFMTV, a suscité une vive réaction au sein de Radio France. Les syndicats et la Société des journalistes dénoncent un cumul inédit, pointant du doigt des risques de conflits d’intérêts et une atteinte aux principes du service public. Cette situation soulève des questions sur la compatibilité entre engagements publics et privés dans le paysage médiatique français.
Une nomination qui fait débat
Le 2 juin 2025, France Inter a annoncé que Benjamin Duhamel, journaliste politique de 30 ans, rejoindrait la matinale de la station pour animer l’interview politique de 7h50, succédant ainsi à Sonia Devillers. Cette décision a été saluée par Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, qui a souligné la « culture politique très fine » de Duhamel, estimant qu’il formerait une équipe solide aux côtés de Nicolas Demorand et Léa Salamé.
Cependant, la nomination de Duhamel a rapidement suscité des critiques internes. La Société des journalistes (SDJ) de Radio France, ainsi que plusieurs syndicats, ont exprimé leur opposition à ce cumul de fonctions. Dans un communiqué commun, ils ont déclaré : « France Inter ou BFMTV, il faut choisir », soulignant que ce double engagement pourrait entraîner des conflits éditoriaux et remettre en question l’indépendance de la radio publique.
Les inquiétudes des syndicats
Les syndicats de Radio France ont exprimé plusieurs préoccupations concernant le cumul des fonctions de Benjamin Duhamel. Tout d’abord, ils craignent que le journaliste, en travaillant simultanément pour une chaîne privée et une radio publique, ne puisse garantir une impartialité totale dans le choix de ses invités et dans le traitement de l’information. Cette situation pourrait, selon eux, nuire à la crédibilité de France Inter.
De plus, les syndicats s’interrogent sur le message envoyé aux journalistes internes de Radio France. Ils estiment que cette décision pourrait être perçue comme une remise en cause des compétences internes, d’autant plus que les journalistes de Radio France sont soumis à des règles strictes concernant les collaborations extérieures. « Comment dès lors la direction pourra-t-elle continuer à refuser à d’autres journalistes ou producteurs de Radio France de travailler en même temps pour des concurrents privés ? », s’interrogent-ils.
Enfin, les syndicats pointent du doigt un manque de transparence de la direction dans ce recrutement, estimant que la rédaction n’a obtenu « aucune réponse convaincante » à ses interrogations.
Une direction qui défend son choix
Face à ces critiques, la direction de France Inter maintient sa position. Adèle Van Reeth a défendu le choix de Benjamin Duhamel, mettant en avant ses compétences journalistiques et sa capacité à décrypter l’actualité politique. Elle considère que sa présence renforcera le pôle politique de la station, notamment en vue des élections municipales de 2026 et de la présidentielle de 2027.
Cependant, la direction n’a pas encore répondu de manière détaillée aux préoccupations soulevées par les syndicats et la SDJ. Cette absence de réponse alimente les tensions internes et laisse planer une incertitude quant à la suite des événements.
Un enjeu de gouvernance et d’éthique
Au-delà de la polémique autour de Benjamin Duhamel, cette situation soulève des questions plus larges sur la gouvernance et l’éthique dans les médias publics. Le cumul des fonctions entre des médias publics et privés pose la question de la compatibilité entre les missions de service public et les impératifs commerciaux des chaînes privées.
Cette affaire met également en lumière la nécessité pour les médias publics de clarifier leurs règles internes concernant les collaborations extérieures, afin d’éviter toute confusion ou sentiment d’injustice parmi les employés.
En conclusion, l’affaire Benjamin Duhamel pourrait servir de catalyseur pour une réflexion plus approfondie sur les pratiques de recrutement et les règles de déontologie au sein des médias publics français.
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