Déserts médicaux : les médecins lancent une grève illimitée contre la régulation de l’installation dès ce lundi 28 avril

médecins en grève mobilisation lutte contre les déserts médicaux
© Konrad K./Sipa

À partir de ce lundi 28 avril 2025, un mouvement de grève illimitée débute en France, rassemblant médecins, internes et étudiants en médecine. Cette mobilisation sans précédent vise à protester contre la proposition de loi Garot, adoptée le 2 avril, qui prévoit de restreindre la liberté d’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. Les professionnels de santé dénoncent une mesure coercitive inefficace et alertent sur ses conséquences pour l’accès aux soins.​

Une fronde inédite contre la loi Garot

La proposition de loi portée par le député Guillaume Garot, adoptée le 2 avril 2025, prévoit que l’installation des médecins libéraux ou salariés soit soumise à l’autorisation de l’Agence régionale de santé (ARS). Cette autorisation serait automatiquement accordée dans les zones sous-dotées, mais deviendrait conditionnelle dans les zones bien pourvues. Cette mesure vise à répondre à la problématique des déserts médicaux, alors que six millions de Français n’ont pas de médecin traitant et que 87 % du territoire national est classé désert médical.​

Les syndicats de médecins, internes et étudiants en médecine s’opposent fermement à cette régulation, qu’ils considèrent comme une atteinte à la liberté d’installation et une mesure inefficace pour résoudre les problèmes d’accès aux soins. Ils estiment que cette contrainte pourrait dissuader les jeunes médecins de s’installer en libéral et aggraver la pénurie de professionnels de santé.​

Une mobilisation nationale et intergénérationnelle

Le mouvement de grève, qui débute ce 28 avril, est soutenu par plusieurs syndicats et associations, dont le Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants (ReAGJIR), l’Intersyndicale Nationale des Internes (ISNI) et l’Association Nationale des Étudiants en Médecine de France (ANEMF). Ces organisations appellent à une grève illimitée de la permanence des soins et à la fermeture des cabinets médicaux.​

Une manifestation nationale est également prévue le mardi 29 avril à Paris, avec des rassemblements dans plusieurs régions. Les grévistes dénoncent également l’obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires et la limitation de la durée de remplacement pour les jeunes médecins généralistes.​

Des revendications pour un accès aux soins équitable

Les professionnels de santé mobilisés réclament le retrait immédiat de la proposition de loi Garot et la mise en place de mesures incitatives pour favoriser l’installation des médecins dans les zones sous-dotées. Ils proposent notamment la création d’un cursus d’incitation à l’installation en zone sous-dense, la valorisation des stages en zones sous-denses, l’accompagnement personnalisé, des incitations financières ciblées et le développement d’antennes universitaires locales.​

Ils demandent également la généralisation du statut de Docteur Junior Ambulatoire (DJA) à toutes les spécialités, pour encourager une présence médicale continue dans les territoires en tension, ainsi que des mesures structurelles pour améliorer la qualité de vie au travail, telles que le respect du temps de travail légal, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, une rémunération juste et l’amélioration de la vie quotidienne des internes.​

Vers une reconfiguration du système de santé ?

Ce mouvement de grève illimitée met en lumière les tensions croissantes dans le système de santé français et la nécessité de repenser l’organisation de l’offre de soins. Les professionnels de santé appellent à un dialogue avec les pouvoirs publics pour construire un système de santé plus équitable, attractif et adapté aux besoins des territoires.​

Le gouvernement, de son côté, a proposé un compromis en demandant aux médecins généralistes de consacrer un à deux jours par mois aux déserts médicaux, tout en maintenant la liberté d’installation. Cependant, cette proposition ne satisfait pas les syndicats, qui estiment qu’elle ne résout pas les problèmes de fond et risque de détourner les médecins vers d’autres modes d’exercice.​

Alors que l’examen du reste de la proposition de loi est prévu les 6 et 7 mai prochains, l’issue de ce mouvement de grève reste incertaine. Mais une chose est sûre : les médecins, internes et étudiants en médecine sont déterminés à défendre leur liberté d’installation et à promouvoir un accès aux soins équitable pour tous.​

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*