
Une série de cyberattaques d’une ampleur inédite a récemment secoué les relations déjà tendues entre l’Algérie et le Maroc. Le piratage massif de la Caisse nationale de sécurité sociale marocaine a exposé les données sensibles de près de deux millions de citoyens. En réponse, des groupes de hackers marocains ont revendiqué des attaques contre des sites gouvernementaux algériens. Cette escalade numérique met en lumière les vulnérabilités des infrastructures étatiques et l’utilisation croissante de la désinformation comme arme géopolitique.
Une cyberattaque sans précédent contre la CNSS marocaine
Le 8 avril 2025, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) du Maroc a été la cible d’une cyberattaque majeure. Un groupe se présentant comme algérien, sous le nom de « Jabaroot DZ », a revendiqué l’opération sur Telegram. Plus de 54 000 fichiers PDF ont été diffusés, contenant des données sensibles de près de deux millions de personnes, incluant des informations sur des hauts responsables et des entreprises majeures du pays.
Les données compromises comprenaient des noms, numéros de cartes d’identité, affiliations professionnelles, adresses e-mail, numéros de téléphone et coordonnées bancaires. Certaines informations remontaient à novembre 2024. La CNSS a confirmé la fuite partielle de données et a suspendu certains services en ligne pour renforcer la sécurité.
Ripostes numériques et escalade des tensions
En réponse à l’attaque contre la CNSS, des groupes de hackers marocains, tels que « Phantom Atlas », ont revendiqué des cyberattaques contre des sites gouvernementaux algériens, notamment le ministère du Travail et la Mutuelle générale des postes et télécommunications. Bien que ces attaques n’aient pas entraîné de fuites de données sensibles, elles ont contribué à l’escalade des tensions entre les deux pays.
Par ailleurs, un groupe de hackers algériens, « DDOS 54 », a annoncé le lancement d’une campagne offensive de grande ampleur contre les sites du gouvernement marocain, visant à paralyser les services numériques du pays. Cette série d’attaques et de contre-attaques souligne l’utilisation croissante du cyberespace comme champ de bataille dans les conflits géopolitiques.
La désinformation : une arme numérique redoutable
Au-delà des cyberattaques, la diffusion de fausses informations et de documents manipulés a amplifié la crise. La CNSS a mis en garde contre la circulation de documents falsifiés ou sortis de leur contexte, soulignant les risques de désinformation. Cette guerre de l’information vise à semer la confusion et à influencer l’opinion publique, exacerbant les tensions entre les deux nations.
Les autorités marocaines ont également exprimé leur préoccupation quant à l’utilisation de ces attaques pour nuire aux « avancées diplomatiques du royaume », notamment en ce qui concerne la question du Sahara occidental. Cette dimension géopolitique complexifie davantage la situation, transformant les cyberattaques en outils de pression politique.
Vers un renforcement de la sécurité numérique des sites gouvernementaux
Face à ces menaces, le Maroc a entrepris de renforcer sa cybersécurité. La Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d’Information (DGSSI) et la Commission Nationale de Contrôle de la Protection des Données à Caractère Personnel (CNDP) jouent un rôle central dans cette démarche. La DGSSI a actualisé en 2023 la Directive Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information, imposant aux administrations des mesures de sécurité strictes.
Par ailleurs, la CNDP a appelé les victimes de la fuite de données à déposer plainte et a rappelé que la détention ou la diffusion de données personnelles obtenues illégalement est passible de sanctions pénales. Ces initiatives visent à instaurer une culture de la cybersécurité et à renforcer la résilience des institutions face aux menaces numériques croissantes.
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