
Se faire des amis à l’âge adulte demande intention, effort et créativité. Le processus implique souvent de rencontrer de nouvelles personnes via activités ou applications, puis de nourrir ces liens avec patience. Bien que cela puisse sembler décourageant, des études récentes montrent que c’est non seulement possible, mais bénéfique pour le bien-être. Voici six conseils concrets et étayés sur comment se faire des amis pour créer des amitiés solides.
1. Pourquoi c’est plus difficile qu’avant
Depuis les années 1990, nombre d’études montrent une baisse nette du nombre d’amitiés proches : aux États-Unis, la part des adultes ayant 10 amis ou plus est passée de 33 % à 13 % en 2021, et ceux sans aucun ami proche sont passés de 3 % à 12 %. Selon le Pew Research Center, seuls 53 % des adultes ont entre 1 et 4 amis intimes. En France, la situation est comparable, avec des amitiés moins nombreuses et plus difficiles à entretenir.
Un article de Vox explique que, mis à part les introvertis, « former de nouvelles amitiés à l’âge adulte peut sembler quasiment impossible » car le temps à consacrer diminue, et la « liking gap » nous pousse à penser que les autres ne nous apprécient pas autant que nous les apprécions. Le télétravail accroît cette difficulté, réduisant les occasions de rencontres impromptues avec des collègues.
Mais ces tendances ne font pas de cette mission une fatalité : en comprenant pourquoi c’est compliqué, on peut mieux s’y préparer.
2. Être volontaire et stratégique
Fréquenter des lieux propices à la rencontre
Selon Mighty Networks, des environnements structurés (événements, clubs, bénévolat) créent des occasions concrètes de « rencontrer de nouvelles personnes » et de construire un cercle avec régularité et cohérence. Les experts recommandent Meetup, Eventbrite, clubs sportifs, associations, cafés sans téléphone ou bénévolat … chaque rendez-vous augmente les chances de créer un lien.
On cite aussi les « speed-friending » qui se développent, notamment chez les milléniaux : un groupe Facebook en Australie en compte plus de 7 000 membres et organise des événements pour lutter contre l’isolement post‑Covid.
Exploiter les amitiés numériques
Dans un article du Guardian, un jeune adulte partage son isolement malgré un réseau d’amis en ligne, car les contacts réels font défaut. Le thérapeute Jason Maldonado‑Page rappelle qu’il faut relancer en vrai les contacts numériques, fixer un café, inviter collègues ou voisins, et y aller en étant patient.
Les applications comme Bumble BFF, Hey VINA, Wink se développent : pour bien les utiliser, mieux vaut définir ses attentes, être authentique dans son profil, puis proposer rapidement des rencontres en face à face.
3. Développer ses compétences relationnelles
Adapter son style social
Un article du Los Angeles Times conseille de « switch up how you socialize » : ajuster son ton, varier son registre si l’humour sarcastique ne convient pas, ou privilégier l’écoute, la sincérité, selon l’interaction.
Maîtriser la conversation
Il est conseillé de « écouter vraiment » et de « maîtriser le small talk ». Ces petits échanges neutres, même sur la météo ou les loisirs, sont des tremplins vers des discussions plus profondes . Selon Verywell Mind, construire une relation intime exige entre 50 à 200 heures partagées. Ce temps s’obtient petit à petit, en se voyant régulièrement.
S’ouvrir progressivement
Partager modérément (vulnérabilité, anecdotes) crée la confiance sans submerger l’autre. Selon Psychology Today, croire que l’amitié naît par hasard (chance) renforce la solitude : au contraire, adopter la posture « l’amitié exige de l’effort » incite à l’action et améliore le résultat.
Chez les personnes anxieuses, le style de communication défensif (trop discret) bloque les émotions et la proximité. Il faut apprendre à se dévoiler doucement.
4. Alimentation et maintien : transformer les rencontres en amitiés
Donner du temps et de la constance
Beaucoup négligent le suivi : on discute, on s’entend bien… et on n’organise pas de deuxième rendez-vous. Pourtant, il suffit souvent de demander un numéro ou fixer un prochain café avant la fin de la rencontre. Être régulier, même avec les collègues ou voisins, aide à renforcer l’amitié.
Utiliser les rituels de groupe
Se retrouver autour d’un brunch (45 % des amitiés démarraient ainsi selon une étude britannique), d’un dessert partagé (ice cream 27 %) ou d’un hobby commun, permet de consolider l’affect.
Faire preuve de bienveillance
Bénévolat ou aide mutuelle sont de puissants catalyseurs : selon Mighty Networks, « Care for others » permet d’engager sans pression, tout en partageant un objectif.
Accepter les pertes et la transformation
Une amitié adulte dure en moyenne 7 ans, puis peut évoluer ou se terminer : ce n’est pas un échec, mais un cycle naturel. Les transitions de vie (déménagements, mariage, parentalité) requièrent un ajustement du cercle existant, tout en laissant la place à de nouvelles rencontres.
5. Sortir de sa zone de confort : dépasser la timidité sociale
La timidité, ou anxiété sociale, empêche souvent de se lancer. Une étude montre que 42 % des adultes trouvent difficile de nouer des amitiés. Un sondage britannique révèle que 45 % ne savent pas quoi dire à un inconnu, et 42 % manquent de confiance ; pourtant, 66 % de ceux qui l’ont fait rapportent une réponse accueillante. Les conseils incluent : contact visuel, sourire, small talk, accepter l’inconfort. L’important est d’essayer.
Selon Verywell Mind, l’introversion ou les attentes trop élevées peuvent être bloquants : l’adaptation commence par se connaître, choisir des environnements confortables et ne pas s’imposer trop vite de liens forts.
6. Cultiver ses amitiés : un cercle en évolution
La qualité plutôt que la quantité
La majorité (61 %) des personnes jugent les amitiés plus déterminantes que le mariage pour une vie épanouie. Avoir 5 amis ou plus augmente grandement la satisfaction (81 %) comparé à 65 % pour ceux ayant 1–4 amis.
Équilibrer diversité et affinité
Selon Pew, 66 % des adultes ont des amis du même sexe, et 63 % de la même origine ethnique. Diversifier enrichit les perspectives, même si les affinités de genre ou culture restent centrales.
Préserver ses ressources émotionnelles
L’investissement amical coûte du temps et de l’énergie. Vox note que la solitude chronique est épuisante, mais paradoxalement, le contact apaise cette fatigue. Comprendre que se socialiser peut épuiser au départ permet de mieux s’y préparer.
Vers un cercle durable et épanouissant
Cette partie analyse les prochaines étapes et les perspectives :
- Construire un cercle solide
En cumulant les heures de qualité et les interactions régulières, on passe d’un objectif de contacts à des amitiés durables. - S’adapter aux cycles de vie
Mariage, enfants, mutation : ces transformations nécessitent de réajuster son cercle, mais offrent aussi de nouvelles fenêtres de rencontres (réunions d’anciens, clubs parentaux…). - Faire évoluer son réseau
L’âge adulte n’empêche pas de créer des affinités intergénérationnelles. Échanger avec des générations différentes renforce l’ouverture d’esprit et le savoir-être. - Se fixer de nouvelles ambitions sociales
Pourquoi ne pas imaginer participer à un salon local, créer un groupe de lecture ou lancer un projet solidaire ? Le cercle se construit même à partir d’une idée. - Oser et persévérer
Les obstacles – timidité, agendas, premières déceptions – ne doivent pas décourager : l’amitié adulte est plus lente, mais souvent plus riche.
Conclusion
Se faire des amis à l’âge adulte est un défi, mais c’est loin d’être une impossibilité. En étant stratégique (lieux et outils), patient, authentique et volontaire, on peut tisser des liens durables. Les bénéfices pour la santé mentale sont nombreux : moins de solitude, plus de soutien émotionnel, meilleure résilience. Un cercle d’amis cultivé enrichit la vie au quotidien, et mérite l’investissement.
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