Budget 2026 : l’abattement fiscal des retraités sur la sellette

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Le gouvernement envisage de supprimer l’abattement fiscal de 10 % accordé aux retraités depuis 1978. Cette mesure, qui pourrait figurer dans le Budget 2026, vise à réaliser des économies substantielles pour réduire le déficit public. Cependant, elle suscite des débats sur son équité et ses conséquences sociales. Cet article analyse les enjeux de cette réforme potentielle.​

Un avantage fiscal historique remis en question

Depuis 1978, les retraités bénéficient d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions, plafonné à 4 321 euros par foyer fiscal en 2025. Initialement destiné à compenser la baisse de revenus à la retraite et les dépenses spécifiques liées à l’âge, cet avantage est automatiquement appliqué lors du calcul de l’impôt sur le revenu. Il concerne environ 15 millions de ménages, représentant un coût annuel de près de 5 milliards d’euros pour l’État.​

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a récemment déclaré : « Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez », suggérant une révision de cette mesure dans le cadre du Budget 2026. Le gouvernement cherche à réaliser 40 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit public, qui s’élevait à 5,8 % du PIB en 2024.​

Des économies substantielles, mais à quel prix ?

La suppression de l’abattement fiscal des retraités permettrait à l’État d’économiser environ 5 milliards d’euros par an, en faisant la deuxième niche fiscale la plus coûteuse après le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile. Cette mesure s’inscrit dans une volonté plus large de révision des avantages fiscaux pour réduire le déficit budgétaire.​

Cependant, cette suppression pourrait avoir des conséquences significatives pour les retraités. Selon l’UNSA-Retraités, elle augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, soit la moitié de l’ensemble des retraités, et ferait basculer 500 000 foyers non imposables dans l’imposition. Par exemple, un retraité percevant une pension de 1 542 euros, actuellement non imposable, paierait 272 euros d’impôt.​

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) indique que les 15 % des retraités les plus aisés verraient leur impôt augmenter de 780 à 860 euros en moyenne. De plus, la hausse du revenu fiscal de référence pourrait remettre en cause l’accès à certains avantages sociaux ou fiscaux, comme le taux réduit de CSG ou des aides comme MaPrimeAdapt’.​

Une mesure controversée sur le plan politique et social

La perspective de supprimer l’abattement fiscal des retraités suscite des réactions contrastées. Le président du Conseil d’orientation des retraites, Gilbert Cette, s’est dit favorable à cette suppression, estimant qu’il est incohérent que des retraités bénéficient d’une exonération fiscale destinée à couvrir des frais professionnels qu’ils n’ont plus. Le président du Medef, Patrick Martin, a également qualifié cet abattement de « contre-nature » et « aberrant ».​

En revanche, plusieurs voix s’élèvent contre cette mesure. Le député Renaissance Mathieu Lefèvre a déclaré qu’il s’opposerait à cette suppression, affirmant que « les retraités ne sont pas une variable d’ajustement ». Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a exprimé son inquiétude face à un gouvernement qui « a toujours besoin de boucs émissaires, jamais les plus riches ». Le député du Rassemblement national Laurent Jacobelli a évoqué la possibilité d’une motion de censure en réponse à cette mesure.​

Les syndicats de retraités, tels que l’UNSA-Retraités, dénoncent une mesure injuste qui frapperait des personnes ayant cotisé toute leur vie. Ils soulignent que les retraités doivent assumer la totalité de leur complémentaire santé, contrairement aux actifs, et que la suppression de l’abattement aggraverait les inégalités entre actifs et retraités.​

Vers une réforme ciblée ou une suppression totale ?

Face aux critiques, le gouvernement pourrait envisager une réforme plus ciblée de l’abattement fiscal des retraités. Une option serait de réserver cet avantage aux retraités les plus modestes, en abaissant le plafond de l’abattement ou en instaurant des conditions de ressources. Cela permettrait de préserver le pouvoir d’achat des retraités les plus vulnérables tout en augmentant la contribution des foyers les plus aisés.​

Toutefois, la suppression totale de l’abattement reste une possibilité, dans un contexte de recherche d’économies budgétaires. Le débat s’annonce complexe, tant sur le plan technique que politique, et pourrait avoir des répercussions sur les prochaines échéances électorales. Les retraités représentent une part importante de l’électorat, et toute mesure perçue comme une atteinte à leur pouvoir d’achat pourrait influencer leur vote.​

En conclusion, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités, envisagée dans le Budget 2026, soulève des questions d’équité fiscale et de justice sociale. Si elle permettrait de réaliser des économies substantielles pour l’État, elle pourrait également fragiliser le pouvoir d’achat de nombreux retraités et susciter des tensions politiques. Le gouvernement devra donc peser soigneusement les avantages et les inconvénients de cette réforme potentielle.​

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