Après plusieurs mois de crise : La France et l’Algérie relancent leur coopération migratoire et sécuritaire

Emanuel Macron Président de la République française (à gauche) et Abdelmadjid Tebboune Président de la République algérienne - Crédit : LUDOVIC MARIN / AFP

Après plusieurs mois de tensions diplomatiques, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont échangé lors d’un appel téléphonique le 31 mars 2025, marquant une volonté commune de relancer la coopération bilatérale entre la France et l’Algérie. Cet entretien a permis d’aborder des sujets sensibles tels que la coopération sécuritaire et migratoire, dans un contexte où les relations entre les deux pays avaient atteint un point critique. Cette initiative ouvre la voie à une possible normalisation des liens franco-algériens, après une période marquée par des désaccords profonds et des incidents diplomatiques.​

Un dialogue renoué après des mois de crise

Les relations franco-algériennes ont traversé une période tumultueuse, notamment depuis juillet 2024, lorsque la France a apporté son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, une position vivement critiquée par Alger. Cette décision a conduit l’Algérie à rappeler son ambassadeur à Paris et à exprimer sa « profonde désapprobation » face à ce qu’elle considérait comme une ingérence dans ses affaires régionales. Par ailleurs, l’arrestation en novembre 2024 de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, critique du régime algérien, a exacerbé les tensions, Paris dénonçant une atteinte à la liberté d’expression. Ces différends ont été aggravés par des incidents tels que l’attaque au couteau de Mulhouse en février 2025, perpétrée par un ressortissant algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, mettant en lumière les désaccords sur les procédures d’expulsion et la coopération migratoire.

Vers une reprise de la coopération sécuritaire et migratoire

Lors de leur entretien téléphonique, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont convenu de reprendre immédiatement la coopération sécuritaire, suspendue ces derniers mois. Cette décision vise à renforcer la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, enjeux majeurs pour les deux nations. En parallèle, les présidents ont décidé de relancer un dialogue migratoire « confiant, fluide et efficace », afin de traiter l’ensemble des dimensions de la mobilité entre les deux pays. Cette initiative intervient dans un contexte où la France avait menacé de revoir les accords migratoires de 1968, facilitant la circulation des Algériens vers la France, en raison du refus d’Alger de reprendre ses ressortissants expulsés. La reprise de ce dialogue pourrait permettre de surmonter les blocages précédents et d’établir des mécanismes de coopération plus efficaces.​

Les défis d’une réconciliation durable

Si cet échange marque une avancée notable, plusieurs défis subsistent pour assurer une réconciliation durable entre la France et l’Algérie. La question de la mémoire demeure un sujet sensible, avec des attentes algériennes concernant la reconnaissance des exactions commises durant la colonisation française. De plus, la situation de Boualem Sansal reste préoccupante ; condamné à cinq ans de prison ferme, son cas symbolise les tensions autour des libertés individuelles et des droits de l’homme en Algérie. Emmanuel Macron a d’ailleurs appelé à un « geste de clémence et d’humanité » envers l’écrivain, soulignant l’importance accordée par la France à cette affaire. Par ailleurs, les divergences sur des dossiers internationaux, notamment le Sahara occidental, nécessitent un dialogue approfondi pour éviter de nouvelles crispations.

Perspectives pour l’avenir des relations franco-algériennes

La relance de la coopération bilatérale offre une opportunité de renforcer les liens historiques entre la France et l’Algérie, en s’appuyant sur des intérêts communs et un respect mutuel. Toutefois, cette dynamique positive devra être consolidée par des actions concrètes et une volonté politique de part et d’autre. La mise en place de commissions mixtes pour traiter des questions sensibles, la promotion d’échanges culturels et économiques, ainsi que le respect des engagements pris seront essentiels pour bâtir une relation stable et pérenne. Les citoyens des deux pays, liés par une histoire commune, aspirent à voir émerger une coopération bénéfique, dépassant les différends passés pour se tourner vers un avenir partagé.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*