Apple mise sur l’Inde pour contourner les droits de douane et réduire sa dépendance à la Chine

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AP Photo/Kin Cheung

Face à l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, Apple envisage de transférer l’assemblage de ses iPhones destinés au marché américain vers l’Inde d’ici fin 2026. Cette stratégie vise à atténuer l’impact des droits de douane américains sur les produits chinois et à diversifier sa chaîne d’approvisionnement. Un tournant industriel majeur pour le géant technologique, qui pourrait redessiner les équilibres mondiaux de la fabrication électronique.​

Une réponse aux tensions commerciales sino-américaines

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2024, les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine se sont de nouveau tendues. L’administration Trump a imposé des droits de douane pouvant atteindre 145 % sur les importations chinoises, bien que les smartphones bénéficient temporairement d’une exemption. Cette incertitude pousse Apple à anticiper une éventuelle fin de cette exemption en relocalisant sa production destinée au marché américain.​

Actuellement, environ 90 % des iPhones sont assemblés en Chine, principalement par des partenaires comme Foxconn. Cependant, Apple a déjà commencé à diversifier sa production : en 2025, environ 20 % des iPhones sont fabriqués en Inde, avec une valeur de production estimée à 22 milliards de dollars pour l’année fiscale se terminant en mars 2025. L’objectif est ambitieux : produire plus de 60 millions d’iPhones par an en Inde d’ici 2026, doublant ainsi la capacité actuelle.​

L’Inde, nouveau pôle industriel pour Apple

L’Inde s’impose progressivement comme une alternative crédible à la Chine pour la fabrication d’iPhones. Des entreprises comme Tata Electronics et Foxconn ont renforcé leur présence dans le pays. En 2023, Tata a acquis l’usine de Wistron au Karnataka et détient désormais une participation majoritaire dans les opérations indiennes de Pegatron. Ces investissements visent à augmenter la capacité de production pour répondre à la demande américaine.​

Le gouvernement indien soutient activement cette transition en offrant des incitations fiscales et en promouvant l’initiative « Make in India ». Cependant, des défis subsistent : les coûts de fabrication en Inde sont actuellement de 5 à 8 % plus élevés qu’en Chine, en raison notamment des droits d’importation sur les composants et des infrastructures logistiques moins développées.​

Dépendance persistante envers la Chine

Malgré le transfert de l’assemblage vers l’Inde, Apple reste dépendant de la Chine pour de nombreux composants essentiels. Les puces, par exemple, sont majoritairement produites par TSMC à Taïwan, et de nombreux autres composants proviennent de fournisseurs chinois. De plus, l’expertise technique nécessaire à la mise en place des lignes de production en Inde est souvent fournie par des ingénieurs chinois, soulignant la complexité de réduire complètement la dépendance à la Chine.​

Cette situation expose Apple à des risques géopolitiques persistants, notamment en cas de détérioration des relations entre la Chine et l’Inde ou d’escalade des tensions autour de Taïwan. Ainsi, bien que la relocalisation de la production en Inde permette de contourner certains droits de douane, elle ne résout pas entièrement les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement d’Apple.​

Vers une redéfinition de la mondialisation industrielle

Le déplacement de la production d’iPhones vers l’Inde illustre une tendance plus large de reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales. Face aux incertitudes géopolitiques et aux pressions tarifaires, les entreprises cherchent à diversifier leurs sites de production pour renforcer leur résilience. Pour Apple, cette stratégie pourrait également renforcer sa présence sur le marché indien, l’un des plus prometteurs pour la croissance future.​

Cependant, cette transition nécessite des investissements massifs et une adaptation aux réalités locales, tant en termes de coûts que de compétences. Elle soulève également des questions sur la capacité des pays émergents à absorber des productions de haute technologie et sur l’évolution des relations commerciales internationales. Dans ce contexte, la stratégie d’Apple pourrait servir de modèle pour d’autres multinationales confrontées à des défis similaires.​

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