Algérie : La justice française a définitivement refusé d’extrader cet ancien ministre de l’ère Bouteflika

Abdeslam Bouchouareb Ancien Ministre de l'Industrie et des Mines de l'Algérie.

Le refus définitif par la justice française d’extrader Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre algérien condamné pour corruption, soulève des questions sur les relations franco-algériennes et la lutte contre la corruption internationale. Cette décision met en lumière les défis liés à l’entraide judiciaire entre les deux pays et les implications politiques qui en découlent.

Un parcours politique entaché de controverses

Né en 1952 à Aïn Kercha, Abdeslam Bouchouareb a d’abord évolué dans le secteur des affaires avant d’entamer une carrière politique. Il a occupé le poste de ministre de l’Industrie et des Mines de 2014 à 2017 sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Son nom est apparu dans plusieurs scandales, notamment celui des « Panama Papers » en 2016, révélant sa possession d’une société offshore, Royal Arrival Corp, domiciliée au Panama. En 2019, alors qu’il se trouvait à l’étranger, la justice algérienne a émis un mandat d’arrêt international à son encontre pour des accusations de corruption liées aux usines d’assemblage automobile. Il a été condamné par contumace à cinq reprises à 20 ans de prison chacune pour diverses affaires de corruption et de malversations financières.​

La décision de la justice française

Le 19 mars 2025, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a rejeté définitivement les six demandes d’extradition formulées par l’Algérie à l’encontre d’Abdeslam Bouchouareb. La cour a motivé sa décision en évoquant les « conséquences d’une gravité exceptionnelle » que pourrait avoir cette extradition en raison de « l’état de santé et de l’âge » de M. Bouchouareb, âgé de 72 ans. Cette décision s’appuie sur l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et l’article 5 de la convention d’extradition franco-algérienne de 2019. Le parquet avait précédemment souligné que l’éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir un risque de déclin rapide et irréversible de son état de santé.

Réactions et implications diplomatiques

Le gouvernement algérien a exprimé sa profonde déception face à cette décision, dénonçant « l’absence totale de coopération du gouvernement français en matière d’entraide judiciaire ». Alger a également pointé du doigt les « tergiversations et atermoiements injustifiés » de la France concernant 25 commissions rogatoires visant à récupérer des biens transférés illégalement à l’étranger. Cette affaire risque d’exacerber les tensions déjà existantes entre les deux pays, notamment sur des questions liées à l’immigration et à la mémoire coloniale.​

Enjeux de la lutte contre la corruption internationale

Ce refus d’extradition soulève des questions sur l’efficacité de la coopération internationale dans la lutte contre la corruption. Alors que l’Algérie cherche à récupérer les fonds détournés et à traduire en justice les responsables de malversations, les obstacles rencontrés dans les procédures d’extradition peuvent entraver ces efforts. Cette situation met en évidence la nécessité pour les États de renforcer leur collaboration et de surmonter les défis juridiques et politiques afin de lutter efficacement contre la corruption transnationale.​

En conclusion, l’affaire Abdeslam Bouchouareb illustre la complexité des relations franco-algériennes et les défis inhérents à la coopération judiciaire internationale. Elle souligne l’importance d’un dialogue ouvert et constructif entre les nations pour promouvoir la justice et combattre la corruption à l’échelle mondiale.

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