Pétrole : l’Opep+ relance la production malgré des prix au plus bas depuis 4 ans

Pétrole Opep+

Alors que le baril de Brent est tombé sous la barre des 60 dollars, atteignant son niveau le plus bas depuis 2021, huit pays membres de l’Opep+ ont annoncé une nouvelle hausse de leur production pour juin 2025. Cette décision, qui intervient dans un contexte de demande mondiale affaiblie et de tensions commerciales, marque un tournant stratégique pour le cartel pétrolier. Quels sont les ressorts de ce choix inattendu, et quelles en seront les répercussions sur les marchés mondiaux ?

Une décision coordonnée malgré un marché sous pression

Le 3 mai 2025, l’Opep+ a confirmé une augmentation de 411 000 barils par jour de sa production pour le mois de juin, après une hausse équivalente en mai. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du démantèlement progressif d’une réduction de 2,2 millions de barils par jour décidée en décembre 2024. À ce jour, 960 000 barils quotidiens ont déjà été réintroduits sur le marché, soit 44 % de la coupe initiale.

Cette décision intervient alors que les prix du pétrole ont chuté de près de 20 % depuis début avril, le Brent s’établissant autour de 61 dollars le baril, un niveau inédit depuis quatre ans. Les inquiétudes concernant la demande mondiale, exacerbées par la contraction de l’économie américaine et les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, pèsent lourdement sur les marchés.

Un changement de cap stratégique au sein de l’Opep+

Cette augmentation de la production marque un revirement stratégique pour l’Opep+, qui avait jusqu’alors privilégié des réductions de production pour soutenir les prix. Selon des analystes, cette décision pourrait être motivée par la volonté de certains membres, notamment l’Arabie saoudite, de sanctionner les pays ne respectant pas leurs quotas, tels que le Kazakhstan et l’Irak.

Par ailleurs, cette stratégie pourrait viser à renforcer les relations avec les États-Unis, où le président Donald Trump a exprimé son souhait de voir les prix de l’énergie baisser pour stimuler l’économie nationale. Des visites prévues du président américain en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis pourraient également influencer cette orientation.

Des conséquences économiques et géopolitiques multiples

La décision de l’Opep+ pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie mondiale. D’une part, la baisse des prix du pétrole pourrait alléger la facture énergétique des pays importateurs et des consommateurs. D’autre part, elle pourrait fragiliser les économies des pays producteurs dépendants des revenus pétroliers, ainsi que les entreprises du secteur, notamment aux États-Unis, où les profits des géants Exxon Mobil et Chevron ont déjà chuté en raison de la baisse de la demande et des prix.

Sur le plan géopolitique, cette stratégie pourrait redistribuer les cartes au sein de l’Opep+, en renforçant l’influence des pays respectant les quotas et en marginalisant ceux qui s’en écartent. Elle pourrait également modifier les relations avec les grandes puissances économiques, en particulier les États-Unis et la Chine, dans un contexte de tensions commerciales accrues.

Vers une nouvelle ère pour le marché pétrolier mondial ?

La décision de l’Opep+ d’augmenter sa production malgré des prix en baisse pourrait signaler l’entrée dans une nouvelle phase pour le marché pétrolier mondial. Si cette stratégie permet de regagner des parts de marché à court terme, elle comporte des risques, notamment celui d’une surabondance de l’offre qui pourrait accentuer la chute des prix. De plus, elle pourrait inciter les producteurs non membres de l’Opep+ à ajuster leur propre production, entraînant une instabilité accrue sur les marchés.

Enfin, cette situation pourrait accélérer la transition énergétique en rendant les énergies renouvelables plus compétitives face à un pétrole bon marché mais volatil. Les décisions prises lors de la prochaine réunion ministérielle de l’Opep+, prévue le 28 mai, seront donc scrutées de près par les acteurs économiques et politiques du monde entier.

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