Washington s’engage dans une médiation délicate pour réconcilier l’Algérie et le Maroc

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Massad Boulos, conseiller du président Donald Trump pour les affaires africaines et moyen-orientales - © : PALOMA LAUDET / AFP

Les États-Unis, par l’intermédiaire de Massad Boulos, conseiller du président Donald Trump pour les affaires africaines et moyen-orientales, ont exprimé leur volonté de jouer un rôle de médiateur dans le conflit opposant l’Algérie et le Maroc. Cette initiative vise à apaiser les tensions persistantes entre les deux pays du Maghreb, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis août 2021. Les enjeux sont multiples, allant de la sécurité régionale à la stabilité économique, en passant par la question sensible du Sahara occidental.​

Une rupture diplomatique aux conséquences durables

Le 24 août 2021, l’Algérie a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des « actions hostiles » de la part du royaume chérifien. Cette décision faisait suite à une série de différends, notamment le soutien présumé du Maroc au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, ainsi que l’affaire Pegasus, dans laquelle le Maroc est accusé d’avoir utilisé un logiciel espion pour surveiller des responsables algériens.

Depuis cette rupture, les frontières terrestres et aériennes entre les deux pays sont fermées, et les échanges commerciaux suspendus. Cette situation a exacerbé les tensions, entraînant une course à l’armement et une guerre médiatique entre les deux nations.​

Une course à l’armement préoccupante

La rivalité entre l’Algérie et le Maroc s’est traduite par une augmentation significative des dépenses militaires. En 2025, l’Algérie prévoit un budget de défense de 25 milliards de dollars, soit près du double de celui du Maroc, estimé à 13,4 milliards de dollars.

L’Algérie continue de renforcer ses capacités militaires, notamment en acquérant des équipements russes, tandis que le Maroc mise sur la qualité et l’entretien de son arsenal existant, avec des investissements ciblés dans des équipements de pointe.

Cette escalade militaire alimente les tensions et accroît le risque d’un conflit ouvert, mettant en péril la stabilité de la région du Maghreb.​

L’initiative américaine : une médiation ambitieuse

Dans ce contexte tendu, les États-Unis ont exprimé leur volonté de jouer un rôle de médiateur entre l’Algérie et le Maroc. Massad Boulos, conseiller du président Trump pour les affaires africaines et moyen-orientales, a déclaré dans une interview à Al Arabiya que Washington souhaite faciliter un dialogue entre les deux pays pour résoudre leurs différends, notamment sur la question du Sahara occidental. ​

Bien que l’administration Trump ait reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en 2020, Boulos a souligné que cette position ne signifie pas un désintérêt pour le rapprochement entre Rabat et Alger. Il a précisé que Washington cherche une solution définitive et consensuelle à ce conflit, qui freine la stabilité régionale.

Cependant, cette initiative américaine est accueillie avec prudence par l’Algérie, qui perçoit le soutien de Washington au plan d’autonomie marocain comme un biais en faveur de Rabat. Des tentatives précédentes d’établir un canal de communication avec Boulos, notamment par l’intermédiaire du cabinet de lobbying BGR Group, n’ont pas abouti.

Vers une désescalade ou une impasse ?

La médiation américaine intervient à un moment critique, où les tensions entre l’Algérie et le Maroc menacent la stabilité de l’ensemble du Maghreb. La fermeture des frontières, la suspension des échanges commerciaux et la course à l’armement ont des répercussions économiques et sociales importantes pour les populations des deux pays.​

Un rapport de l’International Crisis Group souligne que, sans la médiation des États-Unis, une guerre aurait pu éclater entre les deux pays. La réussite de cette médiation dépendra de la capacité de Washington à adopter une position équilibrée et à instaurer la confiance entre les parties.​

La réconciliation entre l’Algérie et le Maroc est essentielle pour la construction d’un Maghreb uni et stable. Elle permettrait de relancer les initiatives d’intégration régionale, de stimuler la croissance économique et de renforcer la sécurité dans une région confrontée à de nombreux défis.​

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