
Les relations entre l’Algérie et la France traversent une période de tensions inédites, marquées par des expulsions de diplomates, des arrestations d’opposants et des différends migratoires. Cette escalade diplomatique met en lumière les fragilités d’un partenariat historique, désormais ébranlé par des enjeux politiques et sécuritaires. Retour sur les événements récents qui ont plongé les deux pays dans une crise profonde.
Une escalade diplomatique sans précédent
Le 14 avril 2025, l’Algérie a ordonné l’expulsion de 12 diplomates français, leur donnant 48 heures pour quitter le territoire. Cette décision fait suite à l’arrestation en France de trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire, soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, alias Amir DZ, un influenceur critique du régime algérien. Boukhors, réfugié politique en France depuis 2023, avait été brièvement enlevé en avril 2024 en région parisienne.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé une « violation des conventions diplomatiques » et a averti que la France se réservait le droit de réagir. Cette expulsion marque une détérioration majeure des relations bilatérales, les plus tendues depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Les opposants et influenceurs algériens au cœur des tensions
La France, en accueillant des opposants algériens et des indépendantistes Kabyles en exil, se retrouve accusée d’ingérence, exacerbant les tensions diplomatiques. L’affaire Amir DZ n’est pas isolée. En novembre 2024, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été arrêté à Alger pour « atteinte à l’unité nationale », après des déclarations controversées sur le Sahara occidental et le Sahara algérien.
Par ailleurs, la récente arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pro-régime a ravivé les tensions entre Paris et Alger. Accusés d’incitation à la haine et d’apologie du terrorisme, ces individus sont désormais au cœur d’une controverse diplomatique, mettant en lumière les divergences croissantes entre les deux pays.
Le dossier migratoire : un point de friction majeur
Le contentieux migratoire est un autre point de discorde. La France reproche à l’Algérie de ne pas coopérer dans le rapatriement de ses ressortissants sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). En mars 2025, Paris a transmis une liste de 60 Algériens à expulser, mais Alger a refusé de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires.
Cette situation a conduit la France à menacer de suspendre l’accord bilatéral de 1968 sur l’immigration, qui accorde des facilités aux Algériens. L’Algérie, de son côté, dénonce une politique discriminatoire et un manque de respect des droits de ses citoyens.
Une relation historique en péril
Les tensions actuelles s’inscrivent dans un contexte de relations historiquement complexes entre les deux pays. En juillet 2024, la France a exprimé son soutien au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, une position en contradiction avec celle de l’Algérie, qui soutient le Front Polisario. Cette prise de position a été perçue comme une trahison par Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Paris.
Malgré des tentatives de réconciliation, comme la visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger le 6 avril 2025, les différends persistent. Les enjeux mémoriels, migratoires et sécuritaires continuent d’alimenter une méfiance mutuelle, rendant toute normalisation difficile.
Les relations entre l’Algérie et la France sont à un tournant critique. Les différends diplomatiques, les arrestations d’opposants et les désaccords migratoires témoignent d’une crise profonde, aux ramifications multiples. Une résolution durable nécessitera un dialogue sincère et des concessions de part et d’autre, dans le respect des souverainetés et des droits fondamentaux.
Soyez le premier à commenter